Benoît XVI convoque dimanche les évêques du monde entier pour chercher les moyens d'une "nouvelle évangélisation", à l'heure où les chrétiens perdent du terrain en Europe et sont victimes de discrimination dans plusieurs régions du monde.
A partir de dimanche et jusqu'au 28 octobre, 262 "pères synodaux" --archevêques, évêques, supérieurs généraux de congrégations, patriarches-- vont plancher sur cette priorité du pape, qui avait créé en 2010 un nouveau ministère chargé de dégager une stratégie. C'est le plus nombre de participants jamais atteint pour un synode.
103 proviennent d'Europe, 63 d'Amérique, 50 d'Afrique, 39 d'Asie et 7 d'Océanie.
Ce synode a lieu en concomitance avec le lancement de "l'Année de la foi" et le cinquantième anniversaire du Concile Vatican II (1962/65), à la suite duquel les sociétés occidentales ont connu une déchristianisation progressive.
L'assemblée se penchera aussi sur l'évangélisation plutôt rapide et chaotique dans les pays du Sud, où les catholiques sont parfois soumis à des persécutions et des menaces, notamment des islamistes, ainsi qu'à la concurrence des groupes pentecôtistes.
Le dernier synode sur l'évangélisation avait été convoqué en 1974 par Paul VI mais la crise de l'Eglise dans des pays anciennement chrétiens n'était pas aussi prononcée.
Le Vatican a présenté au printemps l'"instrument de travail" (Instrumentum Laboris) du synode, qui identifiait les nombreux obstacles à la diffusion de l'Evangile.
Y étaient cités pêle-mêle: la "bureaucratisation excessive des structures ecclésiastiques", les "célébrations liturgiques dénués de toute expérience spirituelle profonde", l'"infidélité à la vocation", "le consumérisme", l'"insuffisance numérique du clergé"...
"Analphabétisme" religieux
Après tous les scandales, notamment la pédophilie, qui ont terni l'image de l'Eglise, la cohérence du "témoignage" est au centre du message de Benoît XVI. Le pape dénonce un christianisme "de routine", "social" et tiède".
Interrogé lors d'une conférence de presse vendredi, le secrétaire général du synode, Mgr Nikola Eterovic, a indiqué qu'il n'était pas prévu d'inviter d'agnostiques.
Le synode s'adresse à tous, mais en premier lieu "aux chrétiens baptisés qui ne pratiquent plus, qui se sont éloignés", a-t-il expliqué.
"L'Eglise doit d'abord s'évangéliser elle-même, se purifier pour être attirante. Il ne s'agit pas tant de chiffres que de qualité", a-t-il insisté.
Au reproche fait à ce synode d'être trop "eurocentriste" dans ses préoccupations, Mgr Eterovic a répondu que des évêques d'Afrique et d'Asie ont fait état "d'une certaine fatigue de certaines communautés pour la transmission de la foi".
Les femmes -religieuses ou laïques- actives dans la famille, "petite Eglise", et dans la paroisse, sont définies comme actrices de la "nouvelle évangélisation".
Le Vatican décèle des signes de renaissance: floraison des nouvelles communautés, comme les groupes charismatiques, renaissance de certains pélerinages, affluence aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) organisées tous les deux ans.
Les responsables de l'Eglise n'attendent pas du synode et de "l'Année de la foi" des résultats miracles face à ce qu'ils appellent "l'analphabétisme" religieux, mais plutôt de meilleures approches.
Des méthodes seront discutées au synode: porte-à-porte, évangélisation dans la rue, les discothèques, etc. Des instruments que l'Eglise veut manier avec prudence.
Des pères synodaux en majorité conservateurs ont été désignés pour piloter les travaux.
Parmi les principaux terrains de la "nouvelle évangélisation", figurent les milieux de l'immigration, la culture et la recherche (où l'Eglise est appelée à faire connaître les valeurs éthiques chrétiennes). Mais aussi les nouveaux médias.
"Réseaux sociaux: portes de vérité et de foi, nouveaux espaces d'évangélisation": tel sera l'énoncé du message 2013 du pape pour la journée mondiale des communications.