Plusieurs milliers de manifestants du mouvement des "indignés" se sont une nouvelle fois rassemblés mercredi soir près du Congrès des députés à Madrid, aux cris de "Gouvernement démission", face à un fort dispositif policier, au lendemain d'une manifestation émaillée de heurts.
"Non, Non, Non, nous n'avons pas peur", criaient les manifestants, tenus à bonne distance du Congrès par des barrières, des dizaines de policiers anti-émeute et une quinzaine de fourgons de police.
"Qu'ils partent", pouvait-on lire sur une grande banderole tandis que les manifestants, certains assis, s'installaient dans le calme sur la Place de Neptuno, pour la seconde soirée consécutive.
Sur les petites pancartes blanches, s'affichait le "NO" aux coupes budgétaires qui étranglent la population espagnole, au moment où se profile pour 2013 une nouvelle année de rigueur : le projet de budget que doit présenter jeudi le gouvernement prévoit 39 milliards d'euros d'économies.
"Je suis venu hier et je viendrai tous les jours pour dire non à ce système, à ce type d'économie", explique Angel Alcaide, un ingénieur de 30 ans qui brandit une pancarte où est écrit "Démission".
"Nous demandons la démission du gouvernement parce qu'il n'a pas respecté son programme, il a augmenté les impôts et touché aux retraites", ajoute-t-il.
Carmen Lopez, une manifestante de 26 ans qui vit à Londres, raconte être venue, comme la veille, pour protester "contre un gouvernement qui garde ses privilèges, pendant que le peuple ne connaît que les coupes dans l'éducation et la santé".
"Je vis à Londres parce que tous les jeunes quittent ce pays, où il n'y a pas de travail", ajoute la jeune femme.
"Ce sont nos armes", avaient crié les manifestants, mains levées vers le ciel, face aux forces anti-émeute qui tentaient de les disperser, chargeant à coups de matraques et tirant des balles en caoutchouc, après que certains jeunes eurent lancé des projectiles.
Les affrontements ont fait plus de 60 blessés, dont 27 policiers. Trente-cinq personnes ont été interpellées.
Le mot d'ordre avait été lancé via les réseaux sociaux, relais très actif de la colère des Espagnols face à la crise qui laisse un quart de la population active au chômage, et aux mesures de rigueur draconiennes imposées par le gouvernement de droite.
Objectif : cerner le Congrès, qui avait été transformé en camp retranché sous la protection de centaines de policiers, où les députés étaient réunis, pour dénoncer une démocratie "confisquée", assujettie "aux marchés financiers".