Une hausse salariale proposée par le groupe Lonmin aux mineurs de Marikana (nord), la première en cinq semaines de conflit mais très inférieure aux revendications, a été rejetée vendredi matin par les grévistes, ont indiqué les médias sud-africains.
Les mineurs "ont rejeté l'offre" et manifesté leur "déception", a indiqué la chaîne eNCA, en direct de la colline servant de lieu de rassemblement aux grévistes, théâtre d'une sanglante fusillade policière le 16 août, digne des pires heures de l'apartheid.
"L'optimisme est retombé", selon la chaîne dont le reporter sur place affirme que les grévistes maintiennent leur mot d'ordre de "12.500 rands ou rien" et projettent maintenant de porter leurs doléances devant le gouvernement et d'aller manifester à Pretoria devant le siège du gouvernement.
"Les salariés disent qu'on leur a proposé 986 rands (95 euros) de hausse et que ce n'est pas suffisant", a tweeté une journaliste d'EWN sur place. "C'est reparti pour un tour de négociations", a-t-elle ajouté. La reprise des négociations est prévue à midi.
La hausse proposée porterait le salaire mensuel des mineurs au plus bas de l'échelon à 5.500 rands (550 euros environ).
Le groupe britannique Lonmin, dont la mine de Marikana est au coeur d'un des plus violents conflits sociaux de ces dernières années en Afrique du Sud, a présenté son offre jeudi soir, à l'issue d'un nouveau round de négociations.
Le groupe n'en a pas révélé la teneur.
L'évêque Jo Seoka, l'un des médiateurs, a toutefois indiqué à l'AFP que "ce n'est pas ce qu'ils avaient espéré", en référence aux 12.500 rands (1.200 euros) réclamés par les grévistes depuis le 10 août.
"Hier (jeudi) on a réussi à ce que l'entreprise mette quelque chose sur la table, ce qui constitue déjà en soit un succès car cela a été un pas difficile à franchir, il y a donc une sorte de satisfaction sur ce point", a-t-il ajouté.
Jusqu'à présent, Lonmin refusait de parler des salaires tant que le travail n'aurait pas repris pour ne pas créer un précédent et engager des négociations en dehors du cadre conventionnel.
La grève à Marikana, un site d'extraction du platine, a démarré le 10 août, à l'initiative de 3.000 foreurs, en rupture avec le syndicat majoritaire dans les mines sud-africaines NUM et réclamant un quasi-triplement de leurs salaires.
En tout, 45 personnes sont mortes depuis un mois à Marikana, dont au moins un syndicaliste du NUM (Syndicat national des mineurs), deux policiers, deux gardes de sécurité et 34 grévistes abattus par la police le 16 août lors d'une fusillade digne des pires heures de l'apartheid.