Les juifs de Roumanie ont déploré mardi la désignation au gouvernement d'un sénateur social-démocrate, Dan Sova, accusé d'avoir tenu des propos négationnistes, estimant qu'il s'agissait d'un "moment de deuil" pour cette communauté.
"Cette nomination peut être considérée comme un moment de deuil dans notre histoire", a déclaré à l'AFP le président de la Fédération des communautés juives de Roumanie, le député Aurel Vainer.
"La Roumanie doit améliorer sa législation en matière de négationnisme, mais comment pourrait-elle le faire en nommant au gouvernement une personne qui a nié l'Holocauste ?", a-t-il ajouté.
"La nomination de M. Sova en tant que ministre est un affront à la mémoire des victimes et des survivants de l'Holocauste", a de son côté estimé le Centre pour la lutte contre l'antisémitisme (MCA) dans un communiqué.
M. Sova, 39 ans, a été nommé ministre chargé des Relations avec le Parlement dans le cadre d'un remaniement effectué lundi par le Premier ministre social-démocrate (PSD) Victor Ponta.
En mars dernier, M. Sova avait affirmé dans une émission télévisée qu'"aucun juif n'a souffert sur le territoire roumain" sous le régime pro-nazi d'Ion Antonescu.
Il avait ajouté que le pogrom de Iasi de 1941 avait fait "24 morts, des personnes tuées par l'armée allemande", alors que, selon les historiens, entre 13.000 et 15.000 juifs avaient trouvé la mort dans ce massacre.
Le sénateur avait par la suite présenté ses excuses, assurant n'avoir voulu "nier ni les souffrances du peuple juif ni la culpabilité des autorités roumaines de l'époque".
Devant le tollé provoqué par ces propos, M. Ponta, à l'époque chef de l'opposition, avait démis M. Sova de ses fonctions de porte-parole du PSD et l'avait invité à visiter le Musée de l'Holocauste à Washington , pour "voir de ses propres yeux la réalité, les preuves, les photos".
Au total 280.000 à 380.000 juifs roumains et ukrainiens sont morts pendant l'Holocauste en Roumanie et dans les territoires alors sous son contrôle, selon un rapport d'une commission d'historiens présidée par le prix Nobel de la Paix Elie Wiesel.