Le président de la Transition malgache, Andry Rajoelina, s'est envolé lundi pour les Seychelles où il doit rencontrer son principal rival, l'ancien président Marc Ravalomanana, pour un face-à-face inédit, au lendemain de la répréssion d'une mutinerie dans une base militaire.
Malgré les événements de dimanche, qui ont fait trois morts dont le chef des mutins, M. Rajoelina s'est dit "prêt à négocier avec Marc Ravalomanana pour que la paix revienne", alors que Madagascar est plongé dans une grave crise politique depuis plus de trois ans.
"Je suis prêt pour dénouer la crise et affronter la rencontre aux Seychelles. Même s'il y a eu des comportements cherchant à perturber et créer des problèmes au sein de la nation, Cela ne m'empêche pas de faire face et de partir pour cette rencontre", a-t-il expliqué, en malgache, devant des journalistes depuis une base aéronavale des environs d'Antananarivo, avant de s'envoler.
"Cette fois, pour cette rencontre au Seychelles, la SADC a réduit le nombre de membres de la délégation, donc ce sera un face-à-face avec Marc Ravalomanana", a-t-il ajouté.
La rencontre entre M. Rajoelina et Marc Ravalomanana, qu'il avait déposé début 2009, doit avoir lieu mercredi aux Seychelles, sous l'égide de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), qui parraine le processus de retour à l'ordre constitutionnel sur la Grande Ile.
Les deux rivaux ont signé plusieurs accords à Maputo et Addis Abeba en 2009 puis tenté de nouvelles négociations à Pretoria en 2010 et Gaborone en 2011, sans parvenir à trouver une véritable issue à la crise.
La SADC leur a donné jusqu'au 31 juillet pour régler leurs différends, la signature d'une "feuille de route" devant préparer la sortie de crise, en septembre 2011, n'ayant pas permis de progrès notables.
Les porte-parole de M. Ravalomanana n'étaient pas joignables lundi matin.
Le président de la Transition a pris l'avion alors le calme était revenu aux abords de l'aéroport international d'Antananarivo, où des mutins aux revendications inconnues avaient provoqué des affrontements, dimanche, sur une base militaire, faisant au moins trois morts et quatre blessés.
Ils ont été matés dans la soirée, et leur chef, qui avait été garde du corps d'un ancien ministre de la Défense, a été abattu.
"Il y a eu trois morts, dont le caporal Tsito Mainty (dit Black) qui était parmi les mutins. Et deux du côté des forces de l'ordre. Les autres mutins se sont rendus", a déclaré l'actuel ministre de la Défense André Rakotoarinasy.
Le trafic de l'aéroport international d'Antananarivo, suspendu en raison de sa proximité avec la base mutinée, a été rétabli dimanche soir.
Andry Rajoelina a regretté "la division, les perturbations et tout ce qui est stratégie visant à renverser pouvoir".
"Ce n'est pas la première fois que ça arrive, ça fait trois fois qu'il y a eu des tentatives de renversement du pouvoir. Nous savons ce qui s'est passé à la fin (les mutineries ont été matées, ndlr). (...) Ce qui est triste, c'est que des vies des forces de l'ordre ont été perdues", a-t-il déploré, adressant ses condoléances aux familles des victimes.
Les autorités de Transition de Madagascar ont reproché à la radio privée Free FM d'avoir diffusé dimanche le message d'un sous-officier annonçant un coup d'Etat, "la dissolution des actuelles Institutions de l'Etat et la mise en place d'un directoire militaire", lors de la mutinerie militaire, et annoncé que "des mesures" serait prises contre elle.
Dirigée par une ancienne proche de M. Rajoelina devenue une critique farouche, Free FM est la principale radio d'opposition malgache. Elle critique régulièrement le gouvernement de transition et dénonce certains agissements et pratiques illégales qu'elle impute aux autorités