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150 morts dans un bombardement en Syrie

Photo fournie par le réseau syrien d'opposition Shaam News Network le 12 juillet 2012 d'un quartier de Homs en ruines[AFP]

Plus de 150 personnes selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), et plus de 200 selon un chef rebelle syrien, ont été tuées jeudi dans l'attaque avec des chars et des hélicoptères par les forces gouvernementales syriennes de la localité de Treimsa, dans le centre de la Syrie.

"Des troupes gouvernementales ont bombardé (Treimsa) en utilisant des chars et des hélicoptères", a déclaré à l'AFP par téléphone le président de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane. L'OSDH a estimé que le nombre des morts était supérieur à 150, soit un total de plus de 200 tués dans le pays pour la journée de jeudi.

"Considérant la petite taille de la ville, c'est peut-être le plus grand massacre commis depuis le début de la révolution", a commenté M. Abdel Rahmane.

Un chef rebelle, Abou Mohamad de son nom de guerre, commandant d'un groupe de combattants rebelles basé non loin de là, plus au nord, a assuré à l'AFP dans la nuit de jeudi à vendredi que l'attaque avait fait "plus de 200 morts". L'opposition veut une résolution contraignante de l'Onu.

Selon un militant vivant dans la province, le bilan est particulièrement lourd car les forces gouvernementales ont pilonné une mosquée où de nombreux habitants avaient cherché refuge. Treimsa "est vide maintenant. Tout le monde est mort ou a fui", a affirmé à l'AFP ce militant, disant s'appeler Abou Ghazi, dans un message électronique.

"Une trentaine de véhicules de l'armée ont totalement encerclé le village. Il n'y avait aucune possibilité de sortir. Quiconque essayait de fuir à travers les champs était abattu", a raconté un autre militant, disant se prénommer Ibrahim. "Après le bombardement, l'armée est entrée (dans Treimsa) avec des armes légères et les (miliciens pro-régime) Shabiha suivaient avec des couteaux", a-t-il ajouté.

Selon l'agence officielle syrienne SANA, des affrontements ont opposé l'armée à un "groupe terroriste" dans la localité. Sans donner de bilan, SANA a affirmé qu'il y avait eu "de lourdes pertes dans les rangs des terroristes" et que trois soldats avaient été tués.

De son côté, le régime a confirmé jeudi la première défection de l'un de ses ambassadeurs, mais a reçu de nouveau le soutien de la Russie, qui a rejeté un projet de résolution déposé à l'ONU par les Occidentaux.

Par ailleurs, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a annoncé que le général Manaf Tlass, qui avait fait défection la semaine dernière, était entré en contact avec l'opposition syrienne. Mercredi soir, l'ambassadeur syrien en Irak Nawaf Farès a annoncé sa défection dans un message vidéo diffusé par la chaîne de télévision du Qatar, Al-Jazeera. Il a également appelé l'armée à "rejoindre immédiatement les rangs de la révolution".

Jeudi, le ministère syrien des Affaires étrangères a affirmé dans un communiqué que Nawaf Farès était "démis de ses fonctions", jugeant que ses déclarations aux médias la veille étaient "en contradiction avec son devoir qui consiste à défendre les positions et la cause de son pays". "Il doit pour cela être poursuivi par la justice et traduit devant le conseil disciplinaire", a ajouté le ministère.

Commentant cette défection, le porte-parole de la présidence américaine, Jay Carney, a estimé de son côté qu'il y avait tous les jours "de plus en plus d'indices du fait qu'Assad est en train de perdre son emprise".

Méfiance des militants

Selon Bagdad, M. Farès se trouve au Qatar, un émirat connu pour son hostilité au régime de Bachar al-Assad, qui réprime dans le sang depuis près de 16 mois un mouvement de contestation. Sa défection porte un nouveau coup au régime syrien, quelques jours après celle de Manaf Tlass, un général proche du président Assad.

Nawaf Farès, un sunnite, a commencé comme policier avant de travailler avec les redoutables services de renseignements puis de devenir l'un des chefs du parti Baas, gouverneur et enfin diplomate.

Ce parcours suscite la méfiance des militants. "Je sais que cet homme est un criminel", a ainsi affirmé le président de l'OSDH. "C'est assez similaire à l'histoire de Manaf Tlass (...), les services de renseignements occidentaux cherchent à sélectionner des personnalités qui pourront être utilisées pour la période transitoire", a-t-il estimé.

A Paris, M. Fabius a dit savoir qu'il existe "une proximité entre l'opposition et (le) général" Tlass et que "des contacts ont été pris en ce sens", sans confirmer que Manaf Tlass se trouve actuellement à Paris.

Projet "inacceptable"

Sur le plan diplomatique, la Russie, soutien indéfectible du régime de Damas, a qualifié d'"inacceptable" le projet de résolution sur la Syrie déposé mercredi à l'ONU par les Occidentaux, menaçant d'y mettre son veto s'il était soumis au vote du Conseil de sécurité jeudi.

"Dans son ensemble, leur projet n'est pas équilibré", seul le gouvernement syrien se voyant imposer des "obligations", a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov.

De l'autre côté, les Etats-Unis ont menacé de ne pas prolonger le mandat de la Mission des observateurs de l'ONU en Syrie (Misnus) si le Conseil n'utilisait pas les sanctions comme moyen de pression sur Bachar al-Assad, selon des diplomates.

Dans leur texte, Européens et Américains donnent dix jours au régime de Damas pour retirer ses troupes et armes lourdes des villes rebelles, sous peine de sanctions économiques.

L'organisation Reporters sans frontières (RSF) a pour sa part condamné l'assassinat de deux journalistes-citoyens. Suhaib Dib, un lycéen, a été victime le 4 juillet d'un assassinat ciblé par les forces de l'ordre à Al-Meliha (banlieue de Damas), et Omar Al-Ghantawi a été tué le 21 juin par un sniper à Homs (centre), selon l'ONG.

RSF a en outre appelé à la libération de tous les journalistes emprisonnés en Syrie.

L'ONG Human Rights Watch soupçonne pour sa part Damas d'utiliser des bombes à sous-munitions de fabrication soviétique dans la région de Hama.

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