L'ancien chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic a été acquitté jeudi de génocide dans des municipalités de Bosnie en 1992 mais reste poursuivi pour le génocide de Srebrenica par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY).
"La chambre fait en partie droit à la requête de l'accusé et prononce l'acquittement du premier chef de l'acte d'accusation et rejette le reste de la requête", a déclaré le juge sud-coréen O-Gon Kwon au cours d'une audience publique à La Haye.
Radovan Karadzic, dont la défense avait réclamé le 11 juin un acquittement complet, reste accusé du massacre de Srebrenica, qualifié de génocide, et de neuf autres chefs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis pendant la guerre de Bosnie, qui avait fait 100.000 morts et 2,2 millions de déplacés entre 1992 et 1995.
Le génocide est le crime le plus grave du droit international mais aussi l'un des plus difficiles à prouver.
Le chef d'accusation numéro un dont devait répondre Radovan Karadzic était un génocide commis, selon le bureau du procureur, entre mars et décembre 1992 par notamment des meurtres, des transferts forcés et des atteintes graves à l'intégrité physique, destinés à éliminer des musulmans et des Croates de toute une liste de municipalités de Bosnie.
Les éléments de preuve présentés par l'accusation "n'atteignent pas le niveau suffisant permettant de conclure que les souffrances physiques ou mentales endurées (...) dans les municipalités" avaient pour but "la mort de toute ou une partie de la population", ont estimé les juges du TPIY.
"Je suis surpris de cet acquittement. On ne s'y attendait pas, car Karadzic a quand même été le créateur de tout ce qui s'était passé en Bosnie, notamment dans les municipalités qui sont concernées par cette décision du tribunal, (...) où un crime presque aussi grave qu'à Srebrenica a été commis au début du conflit et avec le même objectif", a déclaré à l'AFP Murat Tahirovic, un des responsables de l'Union d'anciens prisonniers de guerre musulmans.
"Il s'agit d'une décision politique", a-t-il estimé, en se disant "convaincu qu'on va avoir la même décision dans le dossier de Mladic".
Le règlement du tribunal prévoit que la défense peut demander l'acquittement de l'accusé après la présentation des éléments de preuve de l'accusation et avant le début de l'argumentation de la défense.
L'ancien chef politique des Serbes de Bosnie continue d'être accusé du massacre de Srebrenica, au cours duquel 8.000 hommes et garçons musulmans avaient été tués en 1995, le pire massacre en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.
Il reste également poursuivi pour les bombardements de Sarajevo pendant toute la guerre de Bosnie, qui avaient provoqué la mort de 10.000 civils, et pour la prise en otage de plus de 200 Casques bleus et observateurs des Nations unies en mai-juin 1995 par les Serbes de Bosnie.
L'accusation avait achevé la présentation de ses éléments de preuve le 25 mai. La défense doit commencer à présenter ses arguments le 16 octobre.
Le procès de Radovan Karadzic, arrêté en juillet 2008 à Belgrade après s'être caché pendant treize ans, s'était ouvert en octobre 2009. L'accusé plaide non coupable et se défend seul.
Radovan Karadzic est accusé des mêmes crimes que son alter ego militaire, l'ex-général Ratko Mladic, interpellé le 26 mai 2011 en Serbie après seize ans de fuite, dont le procès, suspendu depuis le 17 mai, reprendra le 9 juillet. Les deux hommes ont toutefois joué des rôles différents lorsque ces crimes ont été commis, selon l'accusation.