Des militantes saoudiennes ont mis en ligne mercredi une pétition adressée au roi Abdallah, réclamant le droit des femmes à conduire, à l'occasion du premier anniversaire de leur campagne.
L'Arabie saoudite, royaume ultraconservateur où une interprétation rigoriste de l'islam est appliquée, est le seul pays au monde où les femmes n'ont pas le droit de conduire.
Dans leur pétition, les militantes appelent le souverain à autoriser "les femmes ayant des permis de conduire de pays étrangers à commencer à prendre le volant lorsque cela est nécessaire".
Elles lui demandent également d'autoriser "l'ouverture d'auto-écoles réservées aux femmes et de leur permettre d'obtenir des permis de conduire".
La pétition remercie le roi Abdallah, un prudent réformateur, pour avoir accordé le droit de vote aux femmes à partir des prochaines élections municipales en 2015, et souligne que ses signataires "ne veulent pas contrevenir aux lois en vigueur" dans le royaume.
"Nous voulons uniquement jouir du droit de conduire comme toutes les femmes du monde", assurent-elles.
Parmi les signataires, dont le nombre était d'environ 600 mercredi en milieu de journée, figure Manal al-Chérif, icône d'une campagne lancée l'année dernière sur internet pour inciter les Saoudiennes à braver l'interdiction de conduire.
Mme Chérif avait été arrêtée en mai 2011 et maintenue 10 jours en détention après avoir diffusé sur YouTube une vidéo dans laquelle on la voyait conduire.
Sheima Jastaniah, une Saoudienne condamnée à dix coups de fouet pour avoir bravé l'interdiction de conduire et grâciée en novembre 2011 par le roi, figure également parmi les signataires.
"La pétition sera remise au roi au jour anniversaire de la campagne, le 17 juin", a déclaré à l'AFP Najla Hariri, une militante et mère de famille brièvement arrêtée l'an dernier après avoir pris le volant à Jeddah (ouest).
Les Saoudiennes avaient timidement répondu le 17 juin 2011 à un appel lancé par des militantes pour défier l'interdiction pour les femmes de conduire, et une pétition qui avait recueilli 3.500 signatures avait déjà été adressée au roi.
Depuis cette date, des centaines d'entre elles ont pris le volant et des dizaines ont été arrêtées et forcées à signer un engagement à ne plus récidiver, selon les militantes.
Aucune loi n'interdit aux femmes de conduire, mais les autorités se fondent sur un édit religieux (fatwa) dans lequel de puissants religieux et des milieux conservateurs se disent contre le droit de la femme de conduire.
Les femmes doivent engager un chauffeur ou, si elles n'en ont pas les moyens, dépendre du bon vouloir des hommes de leur famille. Elles sont en outre obligées de sortir voilées et ne peuvent voyager sans escorte de leur mari ou d'un proche.