La Corée du Nord a prévenu qu'elle n'accepterait pas la venue d'inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) pour vérifier son programme d'enrichissement d'uranium, ont affirmé mardi des médias japonais citant des sources diplomatiques.
Le retour des inspecteurs de l'AIEA en Corée du Nord avait été accepté sur le principe par Pyongyang le 29 février, dans le cadre d'un accord avec les Etats-Unis prévoyant une aide alimentaire américaine, en échange d'un moratoire nord-coréen sur les lancements de missiles à longue portée, les essais nucléaires et les activités d'enrichissement d'uranium menées à son usine de Yongbyon.
Les Etats-Unis ayant confirmé la suspension de leur aide alimentaire après le lancement d'une fusée à longue portée par la Corée du Nord vendredi, Pyongyang, qui avait accepté la venue des inspecteurs, considère l'accord caduc, d'après le quotidien Yomiuri Shimbun et l'agence de presse Kyodo.
Washington s'était engagé à livrer 240.000 tonnes d'aide alimentaire à la Corée du Nord qui souffre de pénuries en ce domaine, mais avait suspendu leur livraison dès l'annonce de Pyongyang, fin mars, du lancement prochain d'une fusée à longue portée.
La Corée du Nord a lancé cette fusée vendredi, afin, selon ses dires, de placer en orbite un satellite civil d'observation terrestre. Malgré son explosion deux minutes après son décollage, le tir de ce lanceur a été dénoncé non seulement par les Etats-Unis mais aussi par le Conseil de sécurité de l'ONU qui a alourdi les sanctions à l'égard du régime de Pyongyang.
Washington et ses alliés estiment que ce lancement a constitué un essai déguisé de missile à longue portée. En conséquence, les Etats-Unis ont confirmé que l'aide alimentaire prévue ne serait pas expédiée en Corée du Nord. Pyongyang, qui estimait que l'accord avec Washington devait être appliqué malgré le lancement d'une fusée, en insistant sur son caractère civil, devrait rejeter la responsabilité de sa non application sur les Etats-Unis, d'après les sources citées par les médias.
S'estimant désormais libéré de ses engagements, la Corée du Nord pourrait procéder bientôt à un troisième essai nucléaire, après ceux de 2006 et 2009 qui avaient déjà suivi des lancement de fusée ou missile à longue portée, ont craint ces sources diplomatiques.
Ce nouvel emballement intervient alors que l'accord du 29 février avait laissé planer l'espoir d'une prochaine reprise des négociations à six pays sur l'abandon du programme nucléaire nord-coréen, au point mort depuis décembre 2008 (discussions impliquant les deux Corées, les Etats-Unis, la Chine, le Japon et la Russie).
Dans une déclaration lundi, le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné "énergiquement" le tir de la fusée nord-coréenne qui constitue selon lui une "violation grave des résolutions" 1718 (de 2006) et 1874 (de 2009) interdisant à Pyongyang toute activité nucléaire ou balistique.