Le Premier ministre japonas a estimé samedi que personne en particulier ne pouvait être tenu pour responsable de l'accident nucléaire de Fukushima, mais que chacun devait "partager cette douleur".
Lors d'une interview accordée à des journalistes étrangers à Tokyo, Yoshihiko Noda a reconnu que les autorités nippones avaient été flouées par "le mythe de la sûreté" de l'énergie nucléaire et n'étaient pas préparées à une catastrophe de l'envergure de celle survenue le 11 mars 2011.
Il a toutefois écarté toute responsabilité criminelle dans l'accident provoqué par un tsunami géant qui a noyé les circuits d'alimentation électrique et provoqué la fusion du combustible nucléaire dans les réacteurs de la centrale Fukushima Daiichi. Des dizaines de milliers de riverains ont été forcés d'évacuer leur domicile pour échapper aux rejets radioactifs qui ont contaminé le sol et la mer dans un rayon de plusieurs dizaines de kilomètres.
"Evidemment, la responsabilité première au regard de la loi japonaise incombe à l'opérateur" de la centrale nucléaire accidentée, Tokyo Electric Power (Tepco), a dit M. Noda.
"Mais le gouvernement, tout comme les opérateurs et les spécialistes experts, étaient trop profondément imprégnés du mythe de la sûreté et je pense que c'est la conclusion que l'on peut en tirer." "Plutôt que de blâmer quelqu'un en particulier, je crois que chacun doit partager cette douleur et en tirer des enseignements."
Les commentaires du Premier ministre surviennent quelques jours après qu'une commission d'enquête indépendante a révélé que le président de Tepco avait voulu au pire de la crise faire évacuer le site où ses employés tentaient de maîtriser l'accident. Il a finalement renoncé uniquement après que le Premier ministre de l'époque, Naoto Kan, eut menacé de briser Tepco si l'opérateur abandonnait la centrale à son sort.
M. Noda a affirmé que les leçons avaient été tirées et sont encore tirées de Fukushima, comme par exemple "ne pas installer des sources d'énergie à des endroits susceptibles d'être frappés par un tsunami".
Deux réacteurs seulement sur un parc de 54 unités sont encore actifs au Japon depuis la catastrophe du 11 mars et le redémarrage des autres tranches, stoppées pour maintenance ou à cause des secousses sismiques, est très problématique en raison des réticences des populations locales.
Le chef du gouvernement a confirmé que le Japon allait diversifier ses sources d'énergie, mais n'a pas pris d'engagement sur l'abandon de l'énergie nucléaire.
"Nous devons nous extraire de notre dépendance à l'égard du nucléaire et édifier à moyen et long terme une société qui n'aura pas à compter sur cette énergie", a-t-il dit. "Nous devons réfléchir à la meilleure combinaison d'énergies qui redonnera confiance au peuple japonais. Nous voudrions fixer une stratégie à ce sujet vers le milieu de cette année."
M. Noda, qui est arrivé au pouvoir il y a exactement six mois, a souligné que des progrès avaient été faits depuis le séisme de magnitude 9 et le tsunami qui ont détruit le littoral du nord-est du pays et provoqué la mort de quelque 19.000 personnes. Mais il a reconnu que les choses n'avaient pas progressé aussi vite qu'elles auraient pu.
M. Noda a indiqué que la reconstruction allait se poursuivre "de façon intensive" pendant cinq ans et devrait être achevée d'ici dix ans.