La rédaction du journal La Provence s'est dit "choquée" vendredi après que l'homme d'affaires Bernard Tapie, qui a repris les rênes des quotidiens du Sud-Est avec la famille Hersant, a estimé que son concurrent La Marseillaise, anciennement d'obédience communiste, était "le mieux fait de toute la région".
"Nous avons été choqués d'entendre dire que +les Marseillais n'ont pas envie d'acheter leur quotidien+ et globalement, que nous sommes mauvais", écrivent les journalistes de la rédaction dans un communiqué adopté en assemblée générale.
"Je ne partage pas fondamentalement les idées que je trouve dans la Marseillaise", mais "c'est pour moi le quotidien le mieux fait de toute la région", avait déclaré le nouveau patron de presse sur France Bleu Provence vendredi matin. "Il est intelligent, il est bien fait, il est bien écrit, bref, je voudrais que les miens soient faits comme ça", a ajouté M. Tapie.
"Je ne suis pas sûr que vous trouverez La Provence dans sa configuration d'aujourd'hui dans quelques temps. Quand un quotidien qui est né à Marseille, ce qui est quand même sa caractéristique principale, vend 30.000 exemplaires, abonnements compris, dans une ville de près d'un million d'habitants, c'est qu'il y a un problème, c'est que les Marseillais n'ont pas envie d'acheter leur quotidien", a poursuivi M. Tapie.
"Je ne m'attendais pas à ça, ça veut dire que je fais aujourd'hui le journal que les Marseillais n'ont pas envie d'avoir, alors il faut qu'on les interroge. J'ai bien l'intention qu'on soit beaucoup plus près de leurs exigences que de notre satisfaction personnelle. On va lancer une très grande enquête", a-t-il conclu.
Longtemps communiste, La Marseillaise a cessé en 1997 d'être un journal de parti, choisissant alors d'exprimer les idées et les valeurs de gauche et de transformation sociale.
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M. Tapie a rencontré cette semaine les salariés de ses journaux du Sud-Est, Nice-Matin, Corse-Matin, La Provence.
"Les chiffres donnés par Bernard Tapie sont faux. La Provence est achetée à 46.000 exemplaires et lue par 220.000 personnes chaque jour à Marseille", s'insurgent les journalistes du titre.
"Pour nous La Provence, c'est d'abord un quotidien auquel sont suffisamment attachées 130.000 personnes pour l'acheter tous les jours, dans une région qui ne se limite pas qu'à Marseille mais couvre aussi toutes les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse, et les Alpes de Haute Provence", poursuivent-ils, estimant que "ce lien de confiance (les) honore autant qu'il (les) oblige.
"La rédaction de La Provence ne se laissera pas insulter sans réagir. Jamais, jusqu'ici, un patron n'avait piétiné de la sorte une entreprise qu'il a promis de redresser", conclut la rédaction du journal.
L'homme d'affaires avait annoncé jeudi à la rédaction de La Provence, qu'il rencontrait pour la première fois, qu'une étude sur le contenu du journal serait lancée. "On est un journal généraliste et de proximité, et on est attaché à le rester. On lui a posé la question et il a répondu: +Je ne sais pas+", avait indiqué après la rencontre la présidente de la Société des journalistes du quotidien, Laetitia Sariroglou.