Comme chaque année, Nagui présentera ce soir le grand prime de la Fête de la musique, organisé sur France 2. Quatre heures de direct et des dizaines d’invités se succéderont à Carcassonne pour assurer le show. Une grand-messe festive à laquelle l’animateur, fou de musique, prend beaucoup de plaisir et c’est en fin spécialiste qu’il égrène ses coups de cœur et ses souvenirs en version pop.
Que représente la Fête de la musique pour vous ?
J’ai été en 1982 à la première Fête de la musique avec tous mes potes, pour faire de la musique, ou «faire du bruit», comme le disent certains. Je ne sais pas pourquoi il faut attendre le 21 juin pour la célébrer. Mais, au fond, je crois que c’est un peu comme Noël ou la Saint-Valentin, on a besoin d’un compte à rebours, d’une date fixe. Tout le monde participe. C’est comme une fête de fin d’année à l’école, ou une kermesse de village. C’est un moment de partage et une ambiance de fou.
Cette année, le thème choisi est «50 ans de pop», mais personne n’est d’accord sur ce qu’est la pop. Une définition ?
Il faut se référer à l’étymologie. Pop veut dire populaire. Il ne faut pas chercher beaucoup plus loin. Dès l’instant où c’est populaire, c’est de la musique pop. En France, on a un problème avec elle. Tout le monde reconnaît écouter de la pop, à condition qu’elle soit anglo-saxonne. Moi le premier. J’ai du mal à voir Frank Michael comme une icône de la pop et, pourtant, il est extrêmement populaire. Peut-être que ça tient à la langue. Si on demandait à Rod Stewart de chanter Da Ya Think I’m Sexy en français, ça ne serait sans doute plus pop du tout. Finalement, qu’est-ce que Katy Perry a de plus pop que Shy’m ? C’est un problème auquel je suis confronté aussi. On me reproche, à Taratata, d’être trop branchouille. J’ai des mails d’insultes parce que je n’invite pas M Pokora.
Pourtant, il est populaire…
C’est pour ça que le prime de ce soir célèbre toutes les musiques. Je mets un point d’honneur à ne pas être sectaire. Ce soir, on verra Gérard Lenorman coincé entre M Pokora et Shy’m. Les artistes ne se posent pas la question. Je crois que ce cloisonnement «pop, pas pop», ce sont surtout les journalistes qui le font. Les musiciens s’en foutent de savoir dans quelle case ils sont. Aucun artiste ne m’a dit : «Si lui il vient, ne compte pas sur moi.»
Quelles icônes pop ont bercé votre adolescence ?
Mes claques musicales ont été plus rock que pop. Bruce Springsteen, les Rolling Stones… Mais sur des titres comme Miss You ou Emotional Rescue, ils sont super pop.
Même pas les Beatles ?
Mais les Beatles étaient très pop à leurs débuts. On pourrait presque dire que c’est le premier boys band. Mais ils ont des titres méga rock dans leur répertoire.
Aucun artiste pop ne vous a marqué ?
Si quand même. Il y a Suzi Quatro, Mungo Jerry avec In The Summertime et un truc super ringard mais que j’assume : The Rubettes. Côté français, il y a évidemment Gainsbourg. Plus pop que lui, tu meurs. Un type qui est capable d’écrire Les sucettes à l’anis ou Requiem pour un con… n’allez pas me dire que ce n’est pas pop. C’était un formidable opportuniste. Je sais, on n’a pas le droit de le dire. Mais il savait exactement où se placer. Sinon, Voulzy et Goldman que je mets aussi dans la catégorie pop. D’ailleurs, on va ouvrir l’émission sur Quand la musique est bonne. Un clin d’œil.
Quelles sont les grandes figures d’aujourd’hui ?
Ce sont des filles comme Beyoncé ou Lady Gaga. D’ailleurs, Lady Gaga est le prototype de l’icône pop. On l’accuse de tous les maux, de ne pas savoir chanter, de faire du plagiat… Je l’ai chopée à la provoc, résultat, elle a fait un piano-voix dans l’émission et des millions de vues sur YouTube.
Quelles sont vos rencontres les plus magiques ?
Je crois que les plus belles sont celles qu’on imaginait impossibles. La première fois que j’ai interviewé les Stones, les cinq en même temps, ça reste un des plus purs moments de ma vie. Ma rencontre avec Sting a été troublante aussi. Chaque fois que je le reçois sur un plateau, il s’adresse à moi comme à un ami. Je sais bien que ce n’est pas «vraiment» mon pote, mais c’est quand même assez dément de le voir débarquer et me prendre dans ses bras. Et puis, Jean-Jacques Goldman, qui a composé le jingle de Taratata. A l’époque, il m’a dit qu’il n’en ferait pas plus pour une émission qui avait un nom aussi débile et puis il a finalement été mon invité sur le premier plateau de l’émission. Il m’a sauvé, je n’avais personne d’autre et il a contribué au succès de Taratata. Après son passage, plus personne ne pouvait refuser de venir.