Les journalistes français Edith et William , évacués jeudi de la ville syrienne assiégée de Homs où ils sont restés coincés plusieurs jours dans des conditions cauchemardesques, sont rentrés en France vendredi après avoir reçu des soins à Beyrouth.
Ils ont atterri vers 18H00 et ont été accueillis à l'aéroport militaire de Villacoublay (Yvelines) par Nicolas Sarkozy et leurs parents. Ces derniers n'ont fait aucun commentaire à leur arrivée.
Dans une brève allocution sur le tarmac de Villacoublay, le chef de l'Etat français a prévenu que "les autorités syriennes auront à rendre des comptes devant les juridictions pénales internationales de leurs crimes", après le retour en France des journalistes Edith Bouvier et William Daniels, évacués jeudi de Homs.
"Je voudrais dire de la façon la plus solennelle que les autorités syriennes auront à rendre des comptes devant les juridictions pénales internationales de leurs crimes", a-t-il déclaré.
"Le crime qu'ils ont commis, les crimes qu'ils ont commis, ne resteront pas impunis", a ajouté M. Sarkozy.
Lundi, le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, avait indiqué que la France voulait une saisine de la justice internationale pour sanctionner la répression menée par le régime syrien.
Sur le tarmac, un camion médicalisé de pompier était stationné, a constaté l'AFP. Il devait conduire Edith Bouvier dans un hôpital militaire, a précisé une source proche du dossier. Elle a été grièvement blessée au fémur lors de bombardements de l'armée syrienne sur Homs, ville rebelle dans le centre de la Syrie.
Juste avant leur retour en France, le parquet de Paris a diligenté une enquête préliminaire, pour le "meurtre" du photographe français Rémi Ochlik et pour "tentative de meurtre" d'Edith Bouvier lors du bombardement d'un quartier de Homs le 22 février.
L'un de ses premiers objectifs sera d'identifier formellement le corps de Rémi Ochlik, qui était, vendredi en fin d'après-midi, en cours d'acheminement par le Comité International de la Croix Rouge (CICR) vers Damas, d'où leurs dépouilles devaient être rapatriées dans leurs pays respectifs.
Arrivée jeudi soir au Liban en compagnie de William Daniels, 34 ans, après leur évacuation de Homs, Edith Bouvier, 31 ans, avait été examinée vendredi à l'Hôtel-Dieu de France à Beyrouth avant de décoller en début d'après-midi.
Le chef de la diplomatie française Alain Juppé avait déclaré vendredi que la journaliste était "en bonne santé malgré sa fracture".
Le quartier de Baba Amr où elle a été blessée était devenu le bastion des rebelles syriens avant de tomber aux mains de l'armée gouvernementale syrienne jeudi. Pilonné sans relâche par le régime pendant plus de 25 jours, il a été pris après ce que l'Armée syrienne libre (ASL), composée d'opposants et de soldats qui ont déserté l'armée régulière, a présenté comme un "repli tactique".
Edith Bouvier, qui travaillait pour le Figaro, et William Daniels, un photographe freelance qui avait décidé de rester à ses côtés, avaient échoué dans une première tentative de quitter Homs avec le photographe britannique Paul Conroy, lui aussi blessé le 22 février.
Lors de l'opération organisée le 28 février par les rebelles syriens aidés d'activistes de l'organisation Avaaz, Paul Conroy était parvenu à s'échapper et à gagner le Liban voisin, distant d'une trentaine de kilomètres.
Mais plusieurs membres de son escorte avaient trouvé la mort dans un bombardement de l'armée syrienne. Edith Bouvier et Williams Daniels avaient été contraints de rebrousser chemin et de retourner dans la ville assiégée.
Une autre tentative menée par l'Armée syrienne libre a été couronnée de succès jeudi malgré le fait que les troupes du régime syrien entraient au même moment dans Baba Amr, et que l'ASL a déploré des morts dans ses rangs au cours de cette évacuation.
Les deux journalistes sont arrivés au Liban jeudi dans la soirée, leur voyage jusqu'à Beyrouth étant encore perturbé par les abondantes chutes de neige sur les montagnes libanaises.
Ce n'est qu'une fois franchie la frontière entre la Syrie et le Liban que Nicolas Sarkozy a annoncé qu'ils étaient sains et saufs, ajoutant s'être entretenu avec Edith Bouvier, "qui est naturellement très fatiguée, qui a beaucoup souffert mais qui sait qu'elle est libre et qu'elle sera bientôt soignée".
Un autre journaliste coincé à Homs, l'Espagnol Javier Espinosa, avait gagné le Liban mercredi.
Tous les journalistes retenus à Homs avaient pénétré en Syrie sans visa ni autorisation officielle, les autorités syriennes imposant de fortes restrictions à l'entrée et aux déplacements des journalistes étrangers dans le pays.