Le prix Goncourt vient d'être décerné à Leïla Slimani. Cette dernière est la douzième femme à recevoir cette prestigieuse récompense, après Lydie Salvayre en 2014.
Depuis 1903, douze femmes ont reçu le prix littéraire le plus prestigieux de France. Une "féminisation" du prix Goncourt qui commence dès 1944 avec Elsa Triolet pour «Le Premier accroc coûte 200 francs», un recueil de nouvelles. Epouse et muse de Louis Aragon, Elsa Triolet fut également résistante. Le titre de son recueil est d'ailleurs inspiré d'un message codé destiné à la résistance et diffusée sur la radio de Londres.
Les années 1950
En 1952, Béatrix Beck est la seconde femme à recevoir le Goncourt pour «Léon Morin, prêtre», son troisième roman. D'origine belge, naturalisée française en 1955, elle fut la secrétaire d'André Gide de 1948 jusqu'à la mort de l'auteur en 1951. Ce dernier l'avait poussé à faire connaître ses talents d'écrivaine. C'est d'ailleurs le premier livre de Béatrix Beck, «Barny», qui a conduit André Gide à l'employer en qualité de secrétaire.`
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Deux ans plus tard, Simone de Beauvoir, féministe engagée, femme de lettres et compagne de Sartre, se voit, à son tour, consacrée pour «Les Mandarins». Ce roman inspiré de sa vie après la guerre est écrit cinq ans après «Le deuxième sexe» (1949), ouvrage le plus connu de Simone de Beauvoir.
Les années 1960
Deux femmes ont reçu le Prix Goncourt entre 1960 et 1969. En 1962, Anna Langfus, auteur de seulement trois romans, reçoit ce prestigieux prix pour «Les bagages de sable». Ce deuxième ouvrage raconte les maux d'une survivante de la Shoah. Un thème qui traverse tous ses écrits. Anna Langfus fut elle-même arrêtée par la gestapo et torturée. Elle mourut quatre ans après l'obtention du prix Goncourt à 46 ans.
En 1966, c'est à Edmonde Charles-Roux qu'est attribué le Goncourt pour «Oublier Palerme», son premier roman. Femme de lettres, elle fut par la suite membre de l'Académie Goncourt dont elle prendra la tête entre 2002 et 2014. Egalement journaliste, elle participa au lancement du magasine Elle puis a intégré la rédaction de Vogue en France. Elle en fut la rédactrice en chef pendant douze ans entre 1954 et 1966. Résistante, elle fut pendant la seconde guerre mondiale infirmière volontaire.
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Les années 1970
En 1979, Antonine Maillet est la première canadienne à recevoir le prix Goncourt pour «Pélagie-la Charette». Elle fait partie des deux seuls écrivains non européens à avoir reçu ce prix avec Atiq Rahimi en 2008. Deux ans auparavant, son récit «Les-cordes-de-bois» était déjà en lice pour le prix Goncourt. Elle est aujourd'hui l'auteure de plus d'une vingtaine d'ouvrages.
Les années 1980
Une seule femme et pas des moindres fut récompensée durant cette décennie, puisque Marguerite Duras a obtenu le Goncourt en 1984 pour «L'Amant», un récit autobiographique, comme le fut également son premier succès littéraire, «Un barrage contre le pacifique». Une récompense qui arrive sur le tard alors qu'elle a 70 ans. «L'Amant» fut adapté au cinéma en 1992 par Jean-Jacques Annaud. Dramaturge, scénariste, Marguerite Duras a également signé en 1959 le scénario de «Hiroshima mon amour». Un travail d'écriture pour lequel elle sera nommée aux Oscars.
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Les années 1990
Deux auteurs marqueront cette décennie. En 1996, Pascale Roze avec «Le chasseur de zéro» reçoit le prix Goncourt pour son deuxième roman, récit d'une obsession. Deux ans plus tard en 1998, Paule Constant et son roman «Confidence pour confidence» sont salués par l'Académie Goncourt. Académie que l'auteure a intégrée en 2013 à l'unanimité, et dont elle fait toujours partie aux côtés de deux autres femmes : Françoise Chandernagor depuis 1995 et Virginie Despentes, élue l'année dernière.
Les années 2000 à aujourd'hui
Depuis le passage à l'an 2000, trois femmes ont reçu le prix suprême. Marie NDiaye en 2009 pour son treizième ouvrage «Trois femmes puissantes». Un recueil de trois récits sur le parcours de trois femmes. Huit ans auparavant, elle avait déjà reçu le Prix Femina pour «Rosie Carpe».
En 2014, Lydie Salvayre est, de son côté, récompensée par l'Académie pour «Pas pleurer». D'origine espagnole, l'auteure y raconte la révolution espagnole de 1936 à travers la voix de sa mère.
Cette année, c'est donc Leïla Slimani qui rejoint ces onze femmes avec «Chanson douce», son deuxième roman, paru chez Gallimard.