Tous l’attendaient. Avec "Boussole", Mathias Enard accède au Prix Goncourt après un parcours jalonné de prix et de reconnaissances de ses pairs.
Avec ses favoris, et ses boucles floues sur la tête, Mathias Enard semble sorti d’un autre temps. Pourtant, l’écrivain né en 1972 est bien ancré dans son époque, ne cessant d’apporter un éclairage érudit sur les ponts entre orient et occident, entre notre époque et celle d’hier.
Natif de Niort, l’homme a longtemps étudié le persan et l’arabe et ne s’est pas arrêté là. Mathias Enard n’a cessé de sillonner le Moyen-Orient et l’Orient : de l’Iran au Caire en passant par la Syrie, le Liban, il a fait quelques détours par Venise ou Berlin (qu’il a habité durant deux ans). Installé désormais à Barcelone, il y a enseigné l’arabe jusqu’en 2010.
Un premier Goncourt, celui des lycéens
Auteur de six romans chez Actes Sud, Mathias Enard est repéré dès son premier ouvrage. Pris des Cinq continents de la francophonie en 2003 pour son premier roman La perfection du tir, il ne cesse de monter en puissance dans le cœur des jurys littéraires.
Après le plus discret Remonter l’Orénocque en 2005, l’œuvre de Mathias Enard accède à une plus large notoriété avec Zone en 2008 (Prix Décembre et Prix du Livre Inter) et enfin, Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants qui reçoit, entre autres, le très envié Prix Goncourt des lycéens en 2010.
Boussole, un roman peu accessible ?
Ses fans sont tous d’accord : l’œuvre de Mathias Enard est bourrée d’érudition. Son dernier roman, Boussole, ou les réflexions nocturnes d’un musicologue viennois épris d’Orient entre souvenirs, songes et réflexions sur son amour impossible avec l’insaisissable Sarah, est peut-être le moins accessible.
Peu importe, Mathias Enard a maintenant ses lecteurs, et la reconnaissance nécessaire pour continuer à tendre la main, de romans en romans, vers cet Orient tant admiré. Fini le temps du règne «Galligraseuil» ! Mathias Enard devient le troisième écrivain de «l’écurie» Actes Sud à accéder au Prix Goncourt après Laurent Gaudé en 2004 pour Le soleil des Scorta et Jérôme Ferrari en 2012 pour Le sermon de la chute de Rome.