Événement incontournable du design et de la déco, le salon Maison&Objet vient de fermer ses portes. Mélanie Leroy, directrice du salon, dresse un premier bilan pour CNEWS et revient sur les grandes tendances qui ont marqué cette édition 2024.
Pour sa 30e année, Maison&Objet a encore fait le plein. Pendant quelques jours, les professionnels du monde entier ont pu découvrir, étudier et admirer ce qui va animer cette année en matière de déco.
Maison&Objet vient de souffler sa 30e bougie. Quel bilan tirez-vous de cette édition un peu spéciale ?
Je retiens un fort dynamisme. D’abord du côté des exposants avec une présence supérieure de 9% par rapport à l’an dernier. C’est aussi le cas avec les visiteurs, le trafic est en hausse. On peut évoquer un retour de la France mais aussi une bonne représentation des pays d’Asie. Cette observation est valable pour les trois profils de visiteurs : retailers, prescripteurs (architectes, décorateurs, etc.) et professionnels de l’hospitality (restaurants, cafés, etc.).
La notoriété du salon dépasse le milieu professionnel. Pensez-vous qu’un jour Maison&Objet sera ouvert au grand public ?
Je ne pense pas. Il restera B to B. C’est une de nos particularités et aussi ce qui fait notre force : nous concentrer sur une population qualifiée de professionnels. Le sujet est plutôt le renforcement de notre écosystème. Nous sommes les seuls au monde à avoir un salon multisecteur qui se tient deux fois par an. Il s’accompagne de notre plate-forme MOM et en septembre de la Design Week. Notre ambition est de conserver cette place de leader.
Quelles sont les grandes tendances que vous retenez de cette édition 2024 ?
La couleur et les motifs sont très présents. Le chic se vit au travers d’une abondance de couleurs : vert, rose, orange. Mathieu Lehanneur, designer of the year 2024, et notamment auteur de la torche olympique, a présenté sur le salon un projet d’habitat futuriste baptisé Outonomy où le jaune domine. Il questionne nos modes de vie, politique et philosophique. Je crois que l’utilisation de couleurs vives peut être perçue comme un contre-balancier à la situation géopolitique.
La couleur et les motifs sont très présents
Côté motif, je note aussi une forte présence des fleurs. Enfin pour les marques haut de gamme, on va encore plus loin dans le luxe avec des choix de matière noble comme la pierre ou le cuir. Tout cela est twisté par un petit objet déco au budget plus modeste comme un vase ou une bougie. Il permet d’actualiser régulièrement son intérieur et à un coût plus accessible qu’un canapé par exemple.
Cette année encore les marques mettent en avant l’éco-responsabilité de leurs produits…
C’est encore plus vrai que pour les années précédentes. Elles soulignent leur engagement « green ». Les architectes recherchent de plus en plus de produits éco-conçus. Il y a une prise de conscience de leur responsabilité en termes d’impact. Une entreprise qui veut pérenniser son business doit passer par là.
La tech a eu une place particulière cette année. Que peut-elle apporter à la déco ?
C’est un levier de fertilité et de créativité. Elle peut être un connecteur avec, par exemple, l’éco-responsabilité. Comment peut-on faire revenir la nature à l’intérieur de son habitat ? La recherche et la technologie est au cœur de cette biophilie. Je peux citer l’entreprise Ostrea, spécialisée dans la création de matériaux haute performance réalisés à partir de coquilles d’huître. Il y a aussi Anga qui utilise des déchets en plastique pour en faire des matériaux très design pour l’architecture d’intérieur. Tout cela grâce à la technologie.
Y a-t-il un objet qui vous a particulièrement marqué cette année et que vous retenez ?
Il y en a beaucoup mais si je dois en retenir un je dirais la suspension florale de Mathieu Lehanneur. Elle concentre la technologie, la création et l’éco responsabilité. Mathieu, au travers de cette fleur, nous offre une belle expression d’un futur réenchanté.