Concevoir un jeu sur une console morte depuis plus de vingt ans n'est plus un vœu pieux pour WaterMelon Games. Après avoir édité le jeu de rôle Pier Solar sur Mega Drive en 2010, cette société récidive sur la 16-bit de Sega avec Paprium. Un beat'em all dont l'un des créateurs nous livre les premiers détails.
Car avant de pouvoir glisser une nouvelle cartouche dans la console dès le 16 septembre prochain, ce studio indé s'est lancé dans un véritable chantier qui a nécessité quatre années de développement, pour une vingtaine de collaborateurs. «Ce projet nous tient à cœur car nous sommes de grands fans de la Mega Drive et nous considérons que l'on peut encore faire de bons jeux sur cette plate-forme, souligne Gwénaël Godde, fondateur de WaterMelon Games. Il y a bien sûr le challenge de la limitation technique, mais ceci reste à notre portée, comparé au budget qu'il nous faudrait pour réaliser un bon jeu sur PS4, par exemple.»
Loin de l'hommage aux jeux de rôle japonais offert par Pier Solar (leur précédent titre paru en 2010 sur Mega Drive), Paprium s'inscrit dans la plus pure tradition des beat them all (Frappez les tous) nerveux de l'époque. «Après Pier Solar, nous avons procédé à un vote ouvert aux internautes, afin de leur laisser choisir quel type de jeu ils voulaient voir sur leur machine. Finalement, nous nous sommes aperçus qu'il y a peu de fans de RPG sur Mega Drive et une très large majorité réclamait un jeu dans la veine de la saga culte des Street of Rage», précise Gwénaël Godde.
Toutefois, l'exercice qui consiste à faire plaisir aux fans nostalgiques peut s'annoncer périlleux. «Il ne faut surtout pas tomber dans le piège de proposer un jeu identique, sous peine d'être vertement critiqué par les passionnés, poursuit-il. Il faut aller au-delà, car les joueurs gardent un certain souvenir, mais les jeux d'aujourd'hui ont évolué. Par exemple, nous avons pensé le titre autour de divers niveaux (24 au total), avec différents embranchements. La durée de vie se doit d'être plus longue, alors qu'un Street of Rage se termine en environ 45 minutes, si vous le connaissez par cœur. Nous avons également ajouté un système de potions magique à la Golden Axe permettant d'obtenir des pouvoirs éphémères.» En outre, le titre proposera divers niveaux de difficultés, ainsi que deux modes de jeu avec ou sans sauvegarde (pour les fans d'arcade). «Le concept doit répondre à toutes les manières de consommer un jeu vidéo. Les possesseurs de Mega Drive ne sont plus des kids, qui pouvaient passer des dizaines d'heures sur le même jeu», ajoute Gwénaël Godde.
Pour produire les cartouches, nous avons fabriqué de nouveaux moules et reconstitué la chaîne d'assemblage.Gwénaël Godde
Avec ses couleurs criardes (tirant sur le violet) et sa bande sonore péchue, Paprium en appelle donc à régler ses comptes à grands coups de poings et de pieds dans un univers post-apocalyptique inspiré de Ken le Survivant. Réunis dans la cité de Paprium (qui signifie Ville du Salut), cinq héros bad-ass du coin y feront parler leurs muscles, plutôt que d'échanger autour des vertus de la diplomatie. «Il s'agira du plus gros jeu jamais édité sur Mega Drive», assurent ses créateurs. La petite cartouche noire renfermera en effet quelque 80 Mbits de données, ainsi qu'une puce spéciale pour améliorer les sons et les musiques.
«Pour produire les mêmes cartouches qu'à l'époque, nous avons dû fabriquer de nouveaux moules pour le plastique et reconstituer la chaîne d'assemblage, souligne Gwénaël Godde. Ceci ne pose aucune question de droits, puisque tous les brevets de Sega autour de cette console sont tombés dans le domaine public il y a quelques années». Après la Mega Drive, WaterMelon Games s'attaquera à un autre monument de l'âge d'or des 16-bit : la Super Nintendo. Sous le nom de Project N, une autre équipe de développeurs conçoivent un jeu d'aventure à mi-chemin entre un Zelda : A Link to the Past et Secret of Evermore. De quoi apporter un peu de fraîcheur pour ces vieilles machines.
Paprium, WaterMelon Games, sur Mega Drive, le 16 septembre 2017 (les pré-commandes sont ouvertes).