Les chiens ne font pas des chats. Cet adage ne serait plus aussi vrai qu’avant. Car selon Eric Baratay, historien des animaux, les chats se comportent en effet de plus en plus comme des chiens pour répondre aux attentes des hommes.
Concrètement, en 2021, les humains veulent des animaux taquins, joueurs et doux. Et ce qui fut le cas pour les chiens s'observe désormais pour les chats.
Dans un entretien accordé au quotidien suisse Le Temps, Eric Baratay explique ainsi que les chats semblent avoir intégré le fait que leur survie se joue aussi dans leurs rapports affectifs avec les hommes.
Ce faisant, les chats changent leurs comportements pour bénéficier de la protection de l’être humain. Aujourd’hui, ils se faufilent entre nos jambes et attendent des caresses. Parrallèlement, la demande en chats «avenants» devient à ce point exigeante, que dans les refuges américains, un chat qui n’est pas assez joueur est souvent rapporté. Et Eric Baratay de résumer : «La demande n’est plus au chat de compagnie, mais au chat compagnon.»
Autre donnée qui peut avoir encouragé cette évolution : notre mode de vie toujours plus urbain, faisant se porter le choix d'un animal domestique de plus en plus sur le chat. Les multiples promenades quotidiennes ne sont en effet pas obligatoires pour les chats, les rendant plus compatibles avec nos impératifs. Pourtant, dans le même temps, ces mêmes balades félines se démocratisent de plus en plus.
Une domestication qui se compte en siècles
«Au XIXe siècle, un chien en laisse était encore une incongruité. Dans son roman ‘Béatrix’, Honoré de Balzac met ainsi en scène un vieil aristocrate qui promène sa chienne avec une laisse élégante et devient la risée de la ville. Les usages évoluent et nous nous habituerons aux chats harnachés» confie encore Eric Baratay au quotidien suisse .
D'ailleurs, historiquement, la domestication du chat ne date pas d’hier. Il faut remonter à quatre mille ans avant notre ère, en Égypte, pour trouver les premières traces de chats apprivoisés. Sans être un compagnon, l’animal est toléré pour chasser les rongeurs.
Plus tard, avec le christianisme, le chat est associé au diable et aux sorcières, faisant baisser considérablement sa côte auprès des hommes.
Ce n’est qu’au XIXe siècle que les artistes romantiques retrouvent un amour pour le félin en considèrant cet animal comme « un alter ego maudit, incompris et solitaire.»