Une décrue qui inquiète. Le rythme de la campagne de vaccination anti-Covid est en plein ralentissement en France. Il est tombé à moins de 200.000 primo-injections quotidiennes, contre plus de 400.000 début juin. «C'est trop peu, on doit faire beaucoup mieux», a déploré Jean Castex jeudi. Des solutions existent, certaines ayant déjà été évoquées, pour maintenir la cadence et contenir ainsi la diffusion du redouté variant Delta.
Rendre la vaccination obligatoire pour les soignants
La menace a été fermement brandie par Olivier Véran : si la «couverture vaccinale des soignants» ne progresse pas, le ministre de la Santé a fait savoir mercredi, au cours d'une audition au Sénat, qu'il pourrait «être amené à proposer une vaccination obligatoire (...) vraisemblablement en septembre». Dernièrement, Olivier Véran, Jean Castex et le Pr Alain Fischer, le «Monsieur Vaccin» du gouvernement, ont tour à tour déploré le taux jugé insuffisant de soignants vaccinés, en particulier dans les Ehpad (57 % ont reçu une dose, 44 % sont totalement vaccinés).
L'Italie a déjà sauté le pas, en sanctionnant les personnels de santé non-vaccinés (affectation à des tâches sans contact avec les patients, voire retenue sur salaire). L'Académie nationale de médecine veut même aller plus loin : elle a suggéré fin mai dans un communiqué de rendre la vaccination exigible pour les soignants, mais aussi les enseignants, les policiers, dans tous les secteurs où il y a un contact avec le public (restauration, hôtellerie, établissements culturels et sportifs...) et les étudiants.
Arrêter de rembourser les tests aux non-vaccinés
C'est une piste proposée par l'Académie de médecine dans un communiqué publié le 23 juin dernier : «suspendre le remboursement des tests RT-PCR et des tests antigéniques pratiqués pour convenances personnelles (obtention d’un pass sanitaire, voyages internationaux, participation à des événements collectifs) chez les personnes non vaccinées». Et ce, afin d'inciter les personnes qui multiplient les tests depuis la mise en place du pass sanitaire le 9 juin dernier à se faire vacciner.
Interrogé sur Franceinfo à ce sujet lundi, Gabriel Attal n'a pas écarté cette solution, la jugeant toutefois prématurée. «C'est une question qui se posera autour de la rentrée», a déclaré le porte-parole du gouvernement. «Vous avez des personnes qui ont fait leur première dose il y a quelques semaines, ne serait-ce que parce qu'elles n'avaient pas le droit de la faire avant, donc elles ne peuvent pas être totalement vaccinées aujourd'hui», a-t-il expliqué. «Elles n'y sont pour rien, elles attendent le délai pour avoir leur deuxième dose.»
Multiplier les points de vaccination mobiles
Si la population ne se rend pas dans les centres de vaccination, les centres de vaccination viendront à elles. Tel est le leitmotiv des points de vaccination mobiles - sans rendez-vous - qui fleurissent un peu partout sur le territoire. Par exemple dans des centres commerciaux (tels qu'à Rosny-2 en Seine-Saint-Denis), dans des cinémas ou dans des bus (celui du club de football d'Amiens a par exemple été transformé en centre mobile). Une politique appelée du «aller vers», car destinée à aller chercher au plus près de chez eux les personnes les plus réfractaires ou isolées. En Ile-de-France, des «opérations spéciales» de ce type sont programmées dans des «espaces très fréquentés» comme la Canopée des Halles à Paris, mais aussi auprès de «populations particulières» (étudiants, femmes enceintes, chauffeurs-livreurs) ou des «publics précaires» (travailleurs migrants, bidonvilles).
Les professionnels de santé sont de plus en plus nombreux à vouloir multiplier ce genre de dispositifs, qui faisait partie des propositions du collectif de 35 citoyens tirés au sort pour plancher sur la campagne de vaccination anti-Covid, sous l'égide du Conseil économique, social et environnemental (CESE). Début mai, ils évoquaient la mise en place à grande échelle de bus de vaccination, de stands de vaccination sur les marchés et durant les maraudes.
Mettre en place des incitations à la vaccination
Pourquoi la France n'imiterait-elle pas ce qui se fait dans certains pays étrangers, en mettant en place des incitations à la vaccination ? Cette politique est particulièrement répandue aux Etats-Unis. Des loteries spéciales ont notamment été créées pour les personnes vaccinées, lors desquelles elles peuvent gagner de gros chèques, des bourses d'études voire des armes à feu. Une bière, un donut voire un joint font également partie des possibles cadeaux offerts aux personnes vaccinées outre-Atlantique. On retrouve également ce genre de pratiques en Chine, en Inde, en Israël, ou encore en Russie.
Du côté de l'Hexagone, les initiatives de ce type sont encore rares. L'une d'elles a été lancée par la métropole de Nîmes (Gard), où les jeunes vaccinés de 18 à 25 ans peuvent participer à une tombola, et ainsi gagner peut-être des chèques cadeaux pour aller à un concert ou au centre aquatique, ou encore des abonnements gratuits pour le bus ou le vélo.
S'appuyer sur des stars pour promouvoir la vaccination
C'est une piste qui a déjà été envisagée par le gouvernement il y a quelques mois. En avril dernier, le gouvernement a confié qu'il souhaitait faire appel à des personnalités bien connues des Français pour promouvoir la vaccination. Pour le vaccin d'AstraZeneca, boudé par la population et réservé aux plus de 55 ans, Jean Castex aurait soufflé le nom de la chanteuse Sheila, selon Le Canard Enchaîné. Une idée qui n'a finalement pas vu le jour, l'exécutif préférant communiquer sur la vaccination d'Emmanuel Macron, de Jean Castex ou d'autres ministres (Jean-Michel Blanquer, Sophie Cluzel...).
Avec l'ouverture récente de la vaccination aux plus jeunes (à partir de 12 ans), il n'est pas à exclure que cette proposition revienne sur le tapis. On connaît en effet le goût des adolescents à imiter les comportements de leurs idoles. Pour Kylian Mbappé, star absolue chez les plus jeunes et que le Pr Alain Fischer souhaitait voir enfiler le rôle d'ambassadeur de la vaccination, c'est raté, puisque l'attaquant du PSG et des Bleus s'est fait vacciner sans tambour ni trompette fin mai, partageant une simple photo sur Instagram.