Le Victoria & Albert Museum de Londres expose des peintures, vêtements et objets de l'artiste mexicaine Frida Kahlo, dont sa prothèse de jambe, dans une exposition très personnelle aidant à comprendre une personnalité qui continue de fasciner.
Présentée jusqu'au 4 novembre, l'exposition «Frida Kahlo : Making Her Self Up» fait découvrir plus de 200 objets provenant de la Casa Azul, la maison d'enfance qui fut aussi l'atelier de la peintre, située dans le quartier de Coayacan, à Mexico, où Frida Kahlo est morte en 1954 à l'âge de 47 ans.
Cette maison bleue avait également servi de refuge entre 1936 et 1938 au révolutionnaire russe Léon Trotski, qui devint son amant.
Aux côtés des robes, bijoux, lettres, peintures, photos de familles et corsets médicaux de l'artiste figure également une pièce particulière, sa prothèse de jambe.
Un objet qu'elle a décoré pour en faire une jambe «très moderne, très belle», a dit à l'AFP la Mexicaine Circe Henestrosa, commissaire de l'exposition avec Claire Wilcox.
Elle est chaussée d'une botte rouge, «sur laquelle ont été ajoutés des motifs de broderie chinoise, ainsi qu'un grelot, afin qu'elle soit plus visible. Pourquoi la prothèse serait-elle laide ? Frida Kahlo était une artiste», a souligné Circe Henestrosa.
Fille d'un photographe allemand et d'une Mexicaine, l'artiste avait souffert, enfant, de la poliomyélite. Elle en avait gardé une atrophie de la jambe droite, dont elle avait finalement été amputée en 1953, un an avant sa mort.
A 18 ans, en rentrant de l'école, elle fut victime d'un accident quand le bus dans lequel elle se trouvait fut percuté par un tramway. Elle eut l'abdomen perforé par une barre d'acier, et souffrit de nombreuses autres fractures, notamment à la jambe. Elle en garda d'importantes séquelles qui l'empêchèrent d'avoir des enfants.
L'accident marqua la fin de ses études de médecine, mais le début de sa carrière artistique. Elle commença à peindre pendant sa longue convalescence, grâce à un chevalet spécial lui permettant de réaliser de nombreux autoportraits depuis son lit.
«Ce fut le début d'une grande carrière d'artiste, mais aussi celui de la détérioration de son état physique», a précisé Circe Henestrosa.
Parmi les vêtements exposés se trouvent des huipils, blouses traditionnelles du Mexique, de couleurs vives et généralement ornées de broderies.
Avec le huipil, Frida Kahlo voulait «montrer son identité mexicaine», explique la commissaire, mais aussi «cacher sa jambe». L'artiste était «incroyablement féminine, elle ne laissait pas son handicap la définir».