Pointé du doigt par la classe politique, souvent mal aimé par les médias, le darknet est surtout incompris par le plus grand nombre.
Accessible via des logiciels open source confidentiels comme Tor ou Freenet, le darknet englobe tous les réseaux privés où s’expriment et échangent des internautes en quête d’anonymat. «Depuis environ deux ans, les sujets sur le darknet se multiplient et présentent à un public avide de sensationnel son côté illégal le plus obscur, le deep web. Or, celui-ci est minoritaire», précise Dr Jean-Philippe Rennard, spécialiste du domaine et auteur de «Darknet, mythes et réalités» (éd. Ellipses).
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Loin des réseaux illégaux de revente de drogues (comme Silk Road) ou de «forums» pour les terroristes de Daesh, cette plate-forme est surtout le territoire d’associations, de journalistes et d’internautes qui défendent leur liberté d’expression et recherchent des moyens de communication dans des pays où la démocratie n’est encore qu’une utopie, comme en témoigne le documentaire «Darknet, l’autre réseau», diffusé sur France 4 (à revoir ci-dessous).
De là sont d’ailleurs partis les révoltes du printemps arabe ou les moyens de réunir la communauté homosexuelle russe. Le mouvement Anonymous, rassemblant des hackers des quatre coins du globe, transite également par ce réseau caché pour organiser ses actions. «Sans darknet, les révélations de WikiLeaks n’auraient pas été relayées et Edward Snowden n’aurait pas pu dévoiler ses informations», rappelle M. Rennard également docteur en Economie et professeur à Grenoble école de management. Autre produit de cet autre Internet, le Bitcoin (la monnaie cryptographique) dont le cours ne cesse de grimper et qui a montré que de nouveaux moyens de paiement pouvaient émerger loin des places boursières internationales.
Autant d’éléments qui portent en eux une part de liberté propre aux principes qui ont fondé Internet. En somme, «le darknet n’est qu’un outil. Comme un marteau, certains vont s’en servir pour construire des choses tandis qu’une fraction voudra faire du mal à autrui», conclut Jean-Philippe Rennard.