Alors que l’archipel de Mayotte a été ravagé par le cyclone Chido, la question de la scolarisation des élèves locaux après les vacances de fin d’année se pose. Emmanuel Macron a émis ce vendredi l’idée de scolarisations temporaires «sur un autre territoire», bien que cette idée paraisse difficile à mettre en œuvre.
La question centrale de la scolarité à Mayotte se pose. Fortement secouée par le passage du cyclone Chido le samedi 14 décembre, l'île a subi d’importants dégâts humains et matériels.
En visite dans l’archipel ce vendredi 20 décembre, Emmanuel Macron a évoqué la problématique de la scolarisation des enfants mahorais dès lundi 13 janvier prochain, à l’issue des vacances de fin d’année, après la destruction d’une bonne partie des établissements scolaires.
Le président a insisté, dans un entretien paru vendredi dans Mayotte la 1ère, le Journal de Mayotte et Kwezi TV sur le fait que «l'école doit reprendre», notamment pour que les parents qui «sont soignants, policiers, sapeurs-pompiers» puissent se rendre au travail. Pour ce faire, l'État «veut pouvoir apporter une solution à toutes les familles pour le 13 janvier», évoquant notamment la piste d’une scolarisation des élèves «sur un autre territoire». «On va proposer des solutions à La Réunion ou ailleurs», a affirmé Emmanuel Macron, sans donner plus de détails.
Après les ravages provoqués par le cyclone Chido, «on recense la situation du bâti. Il y a des communes (...) qui ont perdu les trois quarts de leurs écoles», quand dans d'autres, «les écoles sont occupées par des gens qui n'ont plus de toit», a constaté le chef de l'État.
Une option «difficilement imaginable» pour les syndicats d’enseignants
À la suite de ce discours, les représentants syndicaux de l'enseignement ont considéré comme «irréaliste» le fait d’envisager une rentrée scolaire à Mayotte dès le 13 janvier prochain.
«Dans l'absolu ce serait souhaitable» d'avoir une rentrée le 13 janvier car «plus la scolarisation va être retardée, plus les élèves vont en pâtir, mais je suis très dubitative sur la capacité de l'institution à organiser une rentrée ne serait-ce que progressive» dès cette date, a assuré Elisabeth Allain-Moreno, la secrétaire générale SE-Unsa, en réaction aux propos d’Emmanuel Macron.
«Certains collègues n'envisagent pas une rentrée avant septembre vu les bâtiments détruits. D'autres ont quitté Mayotte et n'ont pas l'intention d'y revenir (…) On a des personnels et des élèves et des familles avec des problèmes de première nécessité: se loger, boire, manger...», a complété cette dernière.
Concernant la possibilité de scolariser temporairement des élèves hors de l'archipel de l'océan Indien, Guislaine David, co-secrétaire générale et porte-parole du syndicat Snuipp-FSU, a jugé «difficilement imaginable d'envisager de scolariser des élèves de 3 à 12 ans à deux heures d’avion de leur domicile». «Du point de vue de La Réunion, ce n’est pas non plus possible d’accueillir des milliers d’élèves», a ponctué Guislaine David.
Sophie Venetitay, la secrétaire générale SNES-FSU, a abondé en ce sens, estimant que le retour dans les établissements scolaires «doit se faire de manière sécurisée (...), progressive et préparée pour coller aux réalités», et inclure un accompagnement psychologique des enfants comme des enseignants.
À Mayotte, environ 29 établissements scolaires sont pour l'instant utilisés pour héberger des sinistrés. Par ailleurs, au moins 40% des bâtiments des 254 établissements scolaires (221 écoles, 22 collèges et 11 lycées) de l'archipel ont été endommagés au point d'être rendus inutilisables.