Entre les changements de gouvernements, de Premier ministre, la crise des agriculteurs, l’inquiétude liée au déficit public... L’année 2024 s’est avérée être l’une des plus chargées de la Ve République, plongeant le pays dans une profonde période d’instabilité.
Si l’année 2024 a été marquée par l’organisation réussie des Jeux olympiques de Paris et la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris, sur le plan politique, celle-ci a aussi été bouleversée par de nombreux épisodes, dont certains qui ont plongé le pays dans une zone de flou.
«Nous traversons l’un des pires épisodes de la Ve République, a considéré le politologue Philippe Moreau-Chevrolet, lors d’un entretien accordé à CNEWS. Il y a eu des années difficiles, comme celle de 1958 et la naissance de la Ve République, avec des menaces de coups d’Etat, 1962 et l’indépendance de l’Algérie, ou encore 2015 et la série d’attentats, mais 2024 est politiquement très inquiétante. C’est la première fois que nous subissons la conjonction de trois crises simultanées : une crise politique, de régime, une crise économique et une crise humanitaire. C’est du jamais vu», a-t-il analysé.
Un président qui «ajoute du désordre»
A l’approche des fêtes de fin d’année, la France est, encore une fois, dans l’attente d’un gouvernement, celui de François Bayrou. Le 13 décembre dernier, le président du MoDem a été nommé Premier ministre, le quatrième de l’année 2024, après Elisabeth Borne, Gabriel Attal et Michel Barnier.
En effet, tout au long de l’année, les passations se sont multipliées et les camions de déménagement ont enchaîné les entrées et les sorties des ministères.
Le symbole d’une instabilité marquée par certains choix du chef de l’État. Le 9 juin dernier au soir des élections européennes, Emmanuel Macron a pris la décision de dissoudre l’Assemblée nationale, contre l'avis de ses alliés politiques, à la suite de la victoire du Rassemblement national. Un choix, souvent incompris, qui a eu comme résultat, après les élections législatives, de diviser le Palais-Bourbon en trois blocs.
«Le président ne joue plus son rôle de garant des institutions, d’arbitre, et de point d’équilibre. Il est aujourd’hui un facteur de déstabilisation et de désordre», a jugé Philippe Moreau-Chevrolet.
L’absence de projet ?
Dans cette période de crise, plusieurs secteurs ont imploré l’aide et l’accompagnement de l’État. C’est le cas notamment des agriculteurs, qui ont été confrontés à plusieurs interlocuteurs à Matignon sans qu’aucune mesure ne soit réellement prise pour apaiser les tensions et lutter contre les inégalités dénoncées.
Alors que François Bayrou a multiplié les consultations pour composer son gouvernement, les différentes forces politiques s’interrogent sur le projet que compte mener le nouveau Premier ministre. «Il n’y a qu’un seul projet politique actuellement, c’est celui de sortir du déficit budgétaire, rien d'autre», a considéré le politologue.
Si les premiers pas de François Bayrou à Matignon ont été marqués par des maladresses, notamment autour de la gestion de la crise que traverse Mayotte, Philippe Moreau-Chevrolet a estimé que la nomination du président du MoDem pouvait s’avérer être «un facteur d’apaisement et de réconciliation des Français», seulement s’il «dispose de marges de manœuvres pour mettre en œuvre un projet politique».
Après une année 2024 marquée par l’instabilité et le blocage, quasiment permanent, en raison des désaccords entre les principales forces politiques, l’année 2025 ne devrait pas démarrer sur des bases plus saines.
En effet, alors qu’il doit prononcer sa déclaration de politique générale le 14 janvier prochain, le Premier ministre est déjà menacé par certains partis prêts à le censurer et prolonger cette période de forte instabilité.