Depuis plusieurs jours, des associations, des parents et même un ministre ont dénoncé le projet d’éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité porté par le gouvernement qui doit entrer en vigueur lors de la rentrée scolaire 2025-2026. Le point sur ce que contient ce programme d’éducation sexuelle.
L’opposition se fait entendre. Le projet d’éducation sexuelle à l’école porté par le gouvernement fait face à de nombreuses critiques. Des associations dénoncent notamment l’invisibilisation des parents ou encore l’omniprésence de la question du genre.
CNEWS a étudié ce projet de programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité qui doit entrer en vigueur à la rentrée prochaine.
Le ministère de l’Éducation nationale a précisé que ce projet «a fait l’objet d’une consultation nationale de tous les personnels de l’éducation, des organisations syndicales, d’autres ministères et institutions publiques, des associations de professeurs, des équipes académiques de pilotage de l’éducation à la sexualité, des corps d’inspection et d’associations engagées dans l’éducation à la sexualité ainsi que des familles».
Dès son préambule, le projet précise que cette éducation sera découpée en deux grands volets. Le premier étudié de la maternelle à la fin du secondaire se penchant sur la vie affective et relationnelle, et le second introduit au collège sur la sexualité.
De nombreux objectifs à atteindre
Au travers de trois séances encadrées par an minimum et l’ajout de «temps d’apprentissages dans d’autres enseignements», le ministère de l’Éducation nationale a développé un programme avec des objectifs multiples et ambitieux.
Ainsi, ce dernier vise à «l’égalité de considération et de dignité, en particulier l’égalité entre les femmes et les hommes ; elle contribue à la lutte contre toutes les discriminations de sexe, d’identité de genre et d’orientation sexuelle».
Mais également à la sensibilisation «au principe du consentement», «à la prévention des différentes formes de violences et notamment des violences sexistes et sexuelles (y compris l’inceste)». Le tout devant être enseigné «dans une démarche positive».
De plus, le ministère a ajouté une précision importante aux yeux de nombreuses associations familiales, visant à rappeler aux enseignants, que «l’éducation à la sexualité nécessite un ajustement à l’âge des élèves».
La notion de parents quasiment absente dans la petite enfance
Le programme d’éducation à la vie affective et relationnelle démarre dès la maternelle, c'est-à-dire dès l’âge de trois ans, au cœur de la petite-enfance. Dans les grandes lignes, le gouvernement souhaite que les plus jeunes apprennent à identifier et à exprimer leurs émotions et à prendre en compte celles des autres. De plus, ils sont appelés à connaître leur corps, y compris les parties intimes qui ne seront pas nommées avec des mots scientifiques avant le cours préparatoire (CP).
Les inégalités entre les sexes sont également abordées de manière pédagogique, en encourageant les écoliers à pratiquer les jeux et activités qu’ils souhaitent sans prendre en compte les «stéréotypes de genres».
De la maternelle au CP, les cours dispensés aux enfants doivent leur permettre de comprendre la notion d’intimité mais aussi les prémices de celle du consentement. Il est alors expliqué aux enfants l’importance de réussir à identifier «des adultes de confiance» et à «apprendre à faire appel à eux».
Ce terme «d’adulte de confiance» fait partie de ceux qui sont décriés par les associations familiales. La Confédération nationale des associations familiales catholiques (CNAFC) a par exemple lancé une pétition pour dire «non» à ce programme.
La CNAFC estime que le programme «invisibilise les parents». En effet, dans le texte, le ministère dresse une liste, non exhaustive, de personnes pouvant être dites de confiance pour l’enfant : «école, famille, environnement médical, sportif …».
«Les parents, pourtant premiers et principaux éducateurs, occupent dans ce texte une place relative qu’ils partageraient avec les autres éducateurs (…) Le programme indifférencie ainsi dans l’esprit des enfants la place particulière et l’autorité légitime de leurs parents», explique la confédération, qui craint que «chaque père ou mère (ne soit) vu que comme un adulte maltraitant en puissance».
Le programme prévoit par ailleurs d’apprendre aux enfants à différencier les différentes structures familiales et à les respecter, que ces dernières soient, «hétéroparentales, monoparentales, homoparentales ; parents vivant ensemble, parents séparés, enfants adoptés, enfants confiés à une famille d’accueil ou à la garde d’autres membres de sa famille que ses parents».
Les émotions et l’acceptation de soi au cœur des années de primaires
Le programme de l’éducation à la vie affective, relationnelle du primaire s’axe énormément autour de la compréhension des émotions. Ainsi, les enfants sont appelés à intégrer le principe «d’écoute empathique des autres» mais aussi à déterminer lorsqu’ils se sentent «bien ou mal», tout en ayant la capacité à «demander de l’aide aux autres».
Sur le volet du corps, le handicap, la puberté mais aussi l’importance de l’estime de soi est au cœur de cette éducation. Les enfants sont encouragés à comprendre que «chaque personne a un corps unique», qu’il est important de respecter. Le sujet des menstruations féminines doit être abordé avec les filles mais aussi les garçons pour briser le tabou qui les entoure.
Les relations sociales sont détaillées autours des grands préceptes de l’amour et de l’amitié avec un approfondissement des notions de consentement et de refus. Le ministère souligne que les enfants doivent comprendre que le refus est naturel.
Lors des années de cours moyens (CM1 et CM2), les enfants sont initiés à l’identification des différents harcèlements et différentes violences afin de mieux lutter contre. Notamment le harcèlement et les violences sexistes et sexuelles. Les enseignants doivent inculquer aux enfants le principe selon lequel «une victime n’est jamais responsable».
Dans un monde ultra-connecté, les dangers d’Internet et des réseaux sociaux (pourtant interdits pour les moins de 13-14 ans) sont évoqués dès le CM2.
Introduction de la sexualité au secondaire
C’est avec l’entrée dans le secondaire que le volet d’éducation à la sexualité fait son apparition. La sixième, année de changement et de transition, voit son programme largement axé sur la puberté et les changements du corps.
Ainsi, cette l'éducation à la sexualité sera détaillée dans toutes ses dimensions, c’est-à-dire, biologiques, psychoaffectives, morales, socioculturelles et relationnelles. Le ministère de l’Éducation nationale appuie sur l’important d’expliquer aux jeunes que «ces changements se produisent selon des rythmes différents pour chaque individu» et que le rythme de chacun doit être respecté.
Dès la cinquième, les séances sur la sexualité entreront dans le programme avec les notions de sexes, de genre (identité de genre, expression de genre) et d’orientation sexuelle. Il sera expliqué aux jeunes adolescents comment respecter ces dernières et comprendre comment prendre conscience de sa propre orientation, qui peut être amenée à évoluer.
Dans cette éducation, la sexualité va être abordée comme «une réalité complexe» et un «cheminement personnel» qui doit être respecté. Les violences et les dangers liés à la vie sexuelle (VIH, IST, grossesse involontaire…) sont expliqués aux élèves en classe de troisième à l’aube du lycée.
Le consentement joue par ailleurs un rôle central dans le programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité du secondaire. Il est appris aux élèves à le donner mais aussi à l’obtenir, à reconnaître l’emprise et le respect de l’autre pour «s’épanouir dans sa relation à l’autre».
Enfin, les risques liés aux réseaux sociaux sont approfondis durant le secondaire. Notamment l’importance de protéger son intimité et celle des autres, tout en comprenant le danger d’une exposition sexuelle sur ces derniers.