Le président du Rassemblement national Jordan Bardella s'en est pris à la politique menée par Bruno Retailleau. Et il n'a pas manqué d'épingler également ses autres opposants politiques.
La sécurité et l'immigration sont leurs maîtres-mots, et pourtant. Et pourtant, cela n'empêche pas Jordan Bardella, président du Rassemblement national, de continuer à se distinguer de Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur «post-dissolution» issu des rangs des Républicains. «Je me méfie toujours de ceux qui hurlent le plus fort, car ce ne sont pas toujours ceux qui agissent le mieux», a en ce sens confié l'eurodéputé dans les colonnes du JDD à paraître ce dimanche 10 novembre.
S'il a estimé que le nouveau locataire de Beauvau était «sincère dans ses déclarations, ses expressions et ses diagnostics», il manquerait, selon Jordan Bardella, de «capacité d'action». Autrement dit, au sein d'un gouvernement minoritaire à l'Assemblée nationale, que le président du RN accuse par ailleurs d'absence de «légitimité démocratique», Bruno Retailleau aurait bien du mal à mener la politique qu'il souhaite. D'autant plus que le «duo sécuritaire» qu'il forme avec son collègue garde des Sceaux, l'ex-socialiste Didier Migaud, ne parvient pas à s'accorder. Ce dernier semble en effet opter pour des solutions radicalement différentes, lesquelles ne sont pas adoubées par la droite nationaliste.
Les «lignes rouges» n'ont pas disparu
Le président de la République n'a pas non plus été épargné par Jordan Bardella au cours de cet entretien. «Emmanuel Macron semble davantage préoccupé par son image que par le sort des Français», a-t-il ainsi tancé.
En revanche, il a eu des mots moins durs à l'égard de Michel Barnier, dont la nomination a été «un moindre mal». Cependant, le Premier ministre ne doit pas oublier les fameuses «lignes rouges» délimitées par le Rassemblement national, s'il veut conserver sa place à Matignon et ainsi continuer à gouverner sans se voir opposer de motion de censure, a averti Jordan Bardella.
«L’intérêt du pays et des Français est prioritaire», a encore abondé le président du Rassemblement national, qui a distingué son parti du Nouveau Front populaire par la «volonté d’éviter chaos et désordre». Aussi, si certaines mesures proposées par le gouvernement «peuvent répondre aux attentes de la majorité», l'eurodéputé confirme que son parti leur apportera son soutien.
Jordan Bardella a enfin esquissé une dissolution quasi-inéluctable dans un futur proche (avant l'été prochain), tout en fustigeant l'exclusion du RN des instances dirigeantes, alors même que son parti a obtenu plus de 36% des voix à l'issue du premier tour des élections législatives.