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«Carton rouge» : faux diamants, football et bitcoin... Le procès d'une arnaque géante démarre ce lundi à Nancy 

Le Palais des congrès de Nancy, où se tient le procès dès ce lundi [Google Street View]

Un procès hors norme s’ouvre au Palais des congrès de Nancy ce lundi et jusqu’au 15 novembre. Quatre semaines d’audience, plus de 1 000 victimes, 850 parties civiles, 22 prévenus, 150 avocats et 28 millions de préjudices. Une gigantesque escroquerie en bande organisée.

Une escroquerie d’une envergure rarement vue. Un procès XXL s’ouvre ce lundi au Palais des congrès de Nancy (Meurthe-et-Moselle), loué exceptionnellement par la justice pour l’occasion. Il devrait durer jusqu’au 15 novembre, soit quatre semaines.  

L'arnaque en bande organisée orchestrée entre 2016 et 2018 visait des particuliers qui ont acheté pour 20,9 millions d’euros de diamants et 6,8 millions d'euros de cryptomonnaies et des clubs de football qui pensaient avoir affaire à des agents de joueurs. L’affaire a été dénommée «carton rouge».  

Elle est jugée par la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Nancy. Les prévenus sont 22 à être cités, bien que trois fassent encore l'objet d'un mandat d'arrêt international, a précisé la Jirs. 

Toulouse, Angers et Sochaux piégés 

Début 2017, une douzaine de clubs avaient été contactés par des escrocs se faisant passer pour des agents de joueurs professionnels évoluant dans ces clubs. Le but était de convaincre les comptables de verser les salaires des professionnels sur un pseudo nouveau compte en banque.  

Les fonds étaient en fait directement reversés aux escrocs qui s’empressaient de les transférer à l’étranger. Très bien ficelée, cette arnaque a permis aux malfaiteurs d’empocher 64.000 euros auprès de trois clubs : Toulouse, Angers et Sochaux. Six autres (Brest, Dijon, Lorient, Marseille, Nantes et Rennes) et certains de leurs sponsors, avaient subi des tentatives de fraude. 

L'enquête initiée à Nancy et nécessitant la coopération de 13 pays européens (Luxembourg, Pologne, Lituanie…) ainsi que le soutien de la justice israélienne a mis en lumière un gigantesque réseau d'escroquerie, basé à Marseille (Bouches-du-Rhône) et d’ampleur bien supérieure à ce qui pouvait être imaginé.  

Des millions d’euros de préjudice

Celui-ci créait de faux sites internet de diamants et de cryptomonnaies. Les particuliers étaient alors appâtés par des rendements d'apparence très lucratifs, de l'ordre de 6 à 8%.  

Les sites étaient «construits selon des maquettes tout à fait similaires» en variant surtout la présentation des premières pages. «Les formulaires de contact étaient quasiment identiques», a noté le juge d'instruction, auprès de l’AFP. 

Les victimes laissaient leurs coordonnées et étaient recontactées par des escrocs basés en Israël. Certaines d’entre-elles ont perdu dans cette arnaque les économies de toute une vie.  

Près de 200 comptes en banque ont été ouverts dans 19 pays différents pour collecter et transférer les fonds virés par les victimes», selon la Jirs. Le préjudice de cette arnaque est estimé à au moins 28 millions d’euros pour les 1.200 victimes entre mai 2016 et décembre 2018.

2,8 millions d'euros ont été saisis ou bloqués durant l'information judiciaire et pourront, en cas de condamnation, servir à l'indemnisation des victimes.  

Six hommes de 38 à 59 ans sont poursuivis pour ces escroqueries et tentatives, mais trois le sont aussi pour le blanchiment des fonds en Israël et dans au moins 12 pays d'Europe. Deux d'entre eux sont en fuite. 

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