Le chef de file des députés macronistes Gabriel Attal a estimé, ce lundi 14 octobre, qu’une nouvelle loi sur l’immigration n’était «pas totalement prioritaire» alors que le gouvernement a annnoncé, la veille, un nouveau texte pour le début de l'année prochaine.
L’ancien Premier ministre se démarque de la ligne macroniste sur la question migratoire. Questionné au sujet de la nouvelle loi sur l’immigration, planifiée par le gouvernement en début d’année prochaine, Gabriel Attal a assuré que l’exécutif avait d’autres priorités plus urgentes à traiter.
«Faire une loi pour une loi, sans nous expliquer ce qu'il y aurait dedans, ne me semble pas totalement prioritaire. Une loi pour une loi, ça n'a pas de sens», a affirmé le chef de file des députés macronistes sur France Inter.
«On a adopté une loi il y a moins d'un an sur l'immigration, avec des mesures dont certaines ne sont pas encore en vigueur puisque les décrets ne sont pas encore sortis», a ajouté ce dernier.
Le gouvernement a annoncé dimanche une nouvelle loi sur l'immigration, dont l'examen au Parlement pourrait démarrer dès «début 2025», un an seulement après le précédent texte sur le sujet qui avait fracturé la majorité à l'Assemblée nationale.
La question de l’allongement de la durée de rétention sur la table
La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a défendu cette idée en évoquant le «besoin d’une nouvelle loi» en la matière, notamment pour permettre «la prolongation» de «la rétention administrative» des étrangers clandestins jugés dangereux.
Une des pistes envisagées est de faire passer la durée maximale de rétention de 90 à 210 jours, ce qui est seulement possible aujourd’hui en matière d'infractions terroristes.
«Allonger la durée de rétention, on l'a fait. On l'a fait passer de 45 à 90 jours» par une loi de 2018, a argumenté Gabriel Attal. «Ce qui est prioritaire, c'est d'agir pour que l'Etat puisse véritablement maîtriser qui rentre et qui sort» du territoire français, a conclu ce dernier.
Maud Bregeon a néanmoins affirmé au sujet de cette mesure qu’elle était encore au stade théorique. «On ne s'interdit pas de réfléchir à d'autres dispositions», a-t-elle estimé, ajoutant qu'il ne devait y avoir «aucun tabou en matière de protection des Français».
«Gabriel Attal est repassé dans l’opposition»
Invité sur CNEWS ce lundi, Thibault de Montbrial, le président du centre de réflexion sur la sécurité intérieure, s’est de son côté opposé avec véhémence à cette sortie médiatique de l’ex-Premier ministre.
Thibault de Montbrial répond à Gabriel Attal sur la possible nouvelle loi immigration : «Je ne comprends pas comment quelqu'un qui a été Premier ministre en prônant l'autorité peut venir dire qu'une nouvelle loi immigration n'est pas une priorité», dans #LaGrandeInterview pic.twitter.com/R3szHYcyp9
— CNEWS (@CNEWS) October 14, 2024
«Je ne comprends pas comment quelqu'un qui a été Premier ministre, qui a prôné l'autorité et qui a été courageux comme ministre de l’Éducation nationale dans sa lutte contre l’abaya, peut venir dire aujourd’hui qu'une nouvelle loi sur l’immigration n'est pas une priorité (…) Il y a une véritable urgence et c’est dans l’intérêt de nos concitoyens», a affirmé l’avocat sur CNEWS.
Dans le même registre, Jean-Philippe Tanguy, député et membre du bureau national du RN, a critiqué «la posture politique» de Gabriel Attal, constamment dans l’opposition depuis sa sortie du gouvernement alors qu’il n’avait pas cette ligne quand il était en fonctions.
Opposition de Gabriel Attal à une nouvelle loi immigration : “Je crois que Monsieur Attal, depuis qu’il est retourné dans l’opposition, est revenu dans ses mauvais démons. Il donne des leçons au monde entier”, tacle @JphTanguy (RN). pic.twitter.com/3BClkUjD6L
— Public Sénat (@publicsenat) October 14, 2024
«Quand Monsieur Attal était au gouvernement puis Premier ministre, il n’avait pas l’air d’être choqué par cette loi immigration. Je crois que Monsieur Attal, depuis qu’il est repassé dans l’opposition, est revenu à ses mauvais démons. Il est de toute évidence dans l’opposition car tout ce que fait Monsieur Barnier n’a pas l’air de lui convenir (…) Sur l’immigration, il refuse la loi que Madame Borne avait proposé avec lui il y a seulement un an», a assuré ce dernier sur Public Sénat.