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«L'inondation passe toujours par une faille» : le puissant témoignage de l'ex-proviseur de Creil sur l’affaire des foulards islamiques de 1989

La toute première affaire liée au port du voile à l'école en France remonte à 1989. Plus de trois décennies plus tard, la question marque toujours régulièrement l'actualité, notamment récemment à Tourcoing.

Voilà plus de trente ans que le port du voile à l'école suscite régulièrement la polémique en France. Le dernier cas en date, survenu lundi à Tourcoing (Nord), fait écho au tout premier connu dans l'Hexagone : l'affaire dite des foulards de Creil (Oise), en 1989.

Elle avait pris place au collège Gabriel-Havez dont le principal de l'époque, Ernest Chénière, était invité à s'exprimer sur CNEWS, ce jeudi 10 octobre. L'ancien député (RPR) de l'Oise a fait part de ses propres souvenirs en réaction à l'affaire de Tourcoing, où une élève, qui avait remis son voile car elle s'apprêtait à sortir de son lycée, a giflé l'enseignante qui lui demandait de le retirer.

L'affaire des foulards de Creil est celle de trois adolescentes qui avaient été exclues de cours pour s'être présentées au sein du collège Gabriel-Havez la tête couverte d'un voile. La direction de l'établissement les avait autorisées à rester dans la bilbiothèque du collège, mais elles avaient interdiction de pénétrer voilées dans les salles de classe.

Après plusieurs mois de polémique, deux des trois adolescentes avaient finalement accepté de retirer leur foulard pendant les heures de cours.

«J'ai vu un commando de balèzes de l'islamisme dans mon bureau»

Ernest Chénière raconte avoir été menacé à l'époque par un «commando de balèzes de l'islamisme» venu dans son bureau pour l'«intimider». Il assure que «ces personnes étaient en complicité avec la municipalité de Creil» d'alors, qui «chouchoutait les populations immigrées dans des buts électoralistes».

«L'inondation entre toujours dans l'édifice par une faille», estime celui qui estime qu'«il y a toujours un complot». «Ils ont trouvé trois familles, trois jeunes filles qu'ils ont manipulé et ils s'attendaient à ce que la population enseignante de l'établissement n'ait pas de réaction», ajoute-t-il.

Durant toute l'affaire, l'opinion s'était déchirée entre les défenseurs d'une version communautarisée du droit à la scolarité et les tenants d'une stricte laïcité. Saisi par Lionel Jospin, alors ministre de l'Education nationale, le Conseil d'Etat avait rendu un avis nuancé sur la question, estimant que le port à l'école par des élèves de signes religieux «n'est pas en lui-meme incompatible avec le principe de laïcité», à condition toutefois que ces signes ne revêtent pas de «caractère ostentatoire ou revendicatif».

La législation française a cependant évolué avec le temps puisque deux lois ont été votées depuis l'affaire de Creil. La première date de 2004 et interdit les signes religieux ostensibles à l'école tandis que la deuxième, en 2010, a banni le voile intégral de l'espace public.

Plus récemment, en 2023, le sujet s'est élargi au port de l'abaya à l'école, qui a été interdit par le ministère de l'Education nationale, puis par le Conseil d'Etat.

Dans ce contexte, la jeune fille mise en cause à Tourcoing, âgée de 18 ans, sera jugée le 11 décembre pour violence suivie d'une ITT de moins de huit jours et menaces de mort sur une personne chargée d'une mission de service public. Les cours ont été suspendus pendant deux jours à la suite de l'agression mais les élèves ont à nouveau été accueillis ce jeudi matin.

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