Alors que la France accueille pour la première fois depuis trente-trois ans ce vendredi le sommet de la francophonie, la langue de Molière, utilisée depuis le XVIIIe siècle pour la rédaction des traités internationaux ne serait-elle pas en déclin dans les plus hautes sphères du pouvoir ?
Il n’est pas rare d’entendre que le français est, depuis toujours, la langue de la diplomatie. Selon l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), le français est parlé par 321 millions de locuteurs dans le monde.
C’est à partir du XVIIe, mais surtout depuis le XVIIIe siècle, qu’il prend la place du latin et qu’il est utilisé pour la rédaction des traités internationaux. Le premier accord d'ampleur de ce type a d’ailleurs été signé à Rastatt en 1714 pour mettre fin à la guerre de Succession d'Espagne.
Le français jouera à partir de ce moment-là, un rôle crucial puisque princes et ambassadeurs européens l’utilisent dans leurs échanges. Au XIXe siècle, il s'agit même de la langue de travail des diplomates ottomans.
Peu à peu, le français devient un outil de communication utilisé pour les négociations dans les congrès et les conférences internationales. Il fait aujourd’hui partie des six langues officielles de l'Organisation des Nations unies avec l'anglais, l'arabe, le chinois, l'espagnol et le russe. L’UNESCO, l’OTAN ou la Croix-Rouge en ont également fait leur fer de lance.
1919, le déclin
La Conférence de Paris de 1919 marque cependant un tournant pour la langue de Molière. L’anglais prend alors de l’ampleur puisqu’une langue de travail doit être choisie pour accompagner le français.
Le traité de Versailles est par conséquent rédigé dans les deux langues. Pour la première fois, les pays non-européens comme le Japon et les Etats-Unis participent à un traité. En effet, le président américain, Woodrow Wilson, ne parlait pas le français.
Après la Seconde Guerre mondiale, l’importance grandissante des Etats-Unis sur la scène internationale scelle le destin de l’anglais qui détrône le français. Cependant, ce dernier fait de la résistance grâce à sa précision.
Comme le rappelle le journal québécois Le Devoir, le recul du français pourrait être lié «au nombre décroissant de dirigeants internationaux francophones». Aujourd'hui seuls Jean-Claude Juncker et Christine Lagarde sont respectivement président de la Commission européenne et de la Banque centrale européenne.
Le français pourrait toutefois retrouver un second souffle en Afrique selon l’écrivain et ancien homme politique Jacques Attali. «La demande de langue française est gigantesque», a-t-il déclaré sur TV5 Monde, en particulier pour l’Afrique qu’il pense être l’avenir de la francophonie.