Une femme, âgée de 20 ans, a été condamnée, jeudi 3 octobre, à deux ans de prison, dont un avec sursis, pour des violences sur une médecin généraliste des quartiers Nord de Marseille qui lui avait refusé une ordonnance. La partie ferme de la peine sera exécutée à domicile.
Morsure au dos, ecchymoses, contractures, abrasions... Les faits avaient été qualifiés de «véritable passage à tabac» par le procureur.
Jugée jeudi 3 octobre pour l’agression d’une médecin généraliste, survenue cet été dans les quartiers Nord de Marseille (Bouches-du-Rhône), une jeune femme de 20 ans a été condamnée le même jour à deux ans de prison, dont un avec sursis.
Le tribunal a précisé que la partie ferme de la condamnation sera exécutée à domicile sous surveillance électronique avec l'obligation de travailler ou de suivre une formation et de se soigner.
Le 12 août dernier, la mise en cause, accompagnée d'une enfant de 11 ans, s'était présentée au cabinet médical de La Viste (15e arrondissement), dans les quartiers Nord de Marseille, afin d'obtenir pour la mère de son compagnon une ordonnance pour une prise de sang.
En l'absence de la patiente, la généraliste avait opposé un refus, qui lui avait valu un véritable déchaînement de violence. La victime s'était vu prescrire une interruption totale de travail de trois jours, puis un arrêt de travail de trente jours par un psychiatre en raison d'un fort traumatisme psychologique.
Son bourreau, qui s'était rendue à la police après avoir été recherchée pendant deux semaines, a pourtant maintenu face au tribunal ne «pas l'avoir touchée».
Selon elle, la médecin aurait commencé à rédiger l'ordonnance en précisant : «C'est la première et la dernière fois.» Toujours selon ses dires, la médecin aurait ajouté au sujet de la patiente absente : «Elle ne va pas mourir si elle se déplace.»
L'auteure des faits, placée le 29 août en détention provisoire aux Baumettes, où elle a appris sa grossesse, a également affirmé que la généraliste aurait déchiré une ordonnance qu'elle avait commencée et que la mineure présente à ses côtés aurait été chargée de la récupérer dans la poubelle de la salle de consultation.
«un nombre incalculable de versions qui ne tiennent pas la route»
Lors de l'enquête, l'enfant avait pris sur elle les violences commises, la prévenue ne concédant au tribunal qu'«un petit coup au torse (de la médecin) pour les séparer». L'enfant est convoquée en novembre chez un juge des enfants.
Présente à l'audience, la médecin s'en est remise à la plaidoirie de son avocat, Mokhtar Abdennouri, qui a pointé «un nombre incalculable de versions qui ne tiennent pas la route», dénonçant «la salade que nous sert la prévenue».
L'avocat de la jeune prévenue, déjà connue pour des antécédents de violences, Karim Bouguessa, a de son côté avancé un «parcours de vie qui n'a pas été facile» évoquant les coups réguliers infligés dans son enfance par son père et ses placements dans de nombreux foyers.
Prenant cette agression pour exemple, dix syndicats de médecins libéraux avaient dénoncé en août une hausse «alarmante» et «inacceptable» des violences envers les praticiens, appelant l'exécutif à prendre «des mesures urgentes pour les protéger».
D'après les textes, l'agression d'un medécin est en théorie passible d'une peine de trois ans d’emprisonnement et de 45.000 euros d’amende qu’elle ait entraîné ou non une incapacité totale de travail (ITT) inférieure ou égale à huit jours.