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«Soumission chimique» : quel est ce fléau qui va être au coeur du procès des viols de Mazan s'ouvrant ce lundi ?

Les victimes de soumission chimique sont principalement des femmes, mais les hommes ne sont pas non plus épargnés. [Photo d'illustration / ©JustLife/Adobe]

Alors que s'ouvre, ce lundi 2 septembre et pour une durée de quatre mois, un procès hors norme de viols en série à Mazan (Vaucluse), la «soumission chimique» sera au coeur des débats, ce fléau qui sévit autant dans la sphère festive que privée.

C'est un mal qui consiste en l'administration «à des fins criminelles de substances psychoactives à l’insu de la victime ou sous la menace, pour commettre un crime ou un délit», selon la définition de l'agence nationale de santé (ANSM).

La «soumission chimique», telle qu'elle est décrite, a été le cauchemar d'une femme durant des années à Mazan (Vaucluse), droguée à son insu par son propre mari pour la violer ou la livrer à d'autres hommes pour qu'ils puissent abuser d'elle.  

Mise en lumière en mai 2023, cette affaire sordide fait l'objet d'un procès s'ouvrant dès ce lundi pour une durée de quatre mois. 

L'homme administrait ainsi à sa femme des médicaments à son insu, écrasés dans sa nourriture, dans son café, qui l’anesthésiaient plusieurs heures.

Des cas sous-estimés en France

Pendant ce temps d'inconscience, l'accusé violait ou livrait donc sa femme à d'autres hommes pour le même motif. Plus de 80 hommes agés de 22 à 71 ans ont été recensés au cours de l'enquête pour avoir abusé de cette femme.

Pendant toutes ces années, la victime ne s'est jamais rendu compte de rien. C'est la police qui lui a appris les agissements de son mari après avoir trouvé plus de 20.000 vidéos et photos de ces viols dans son ordinateur. 

En France, les substances les plus utilisées sont les antihistaminiques et sédatifs, les benzodiazépines et apparentés, utilisés comme anxiolytiques ou somnifères, ou encore les antidépresseurs et opioïdes. «Dans tous les cas, l'objectif de l'agresseur est le même : que vous ne soyez plus en capacité d'opposer une résistance», a expliqué Leïla Chaouachi, rapporteure de l'enquête annuelle sur le sujet auprès de l’ANSM.

En se basant principalement sur les plaintes, l'ANSM recense chaque année depuis 2003 les molécules utilisées par les agresseurs et leur mode opératoire. Selon la dernière enquête, portant sur 2021, 727 «signalements suspects», 82 «soumissions chimiques vraisemblables» et 354 «soumissions chimiques possibles» ont été recensées cette année-là. Mais ces cas recensés ne représentent probablement qu'une partie de la réalité - le dépôt de plainte, toujours difficile en matière d'agression sexuelle, l'étant encore plus quand la victime souffre d'amnésie.

Une lutte à mener 

La question de la soumission chimique avait été abordée à l'Assemblée nationale en janvier dernier par la députée MoDem Sandrine Josso, un sujet auquel elle tient particulièrement à coeur.

Et pour cause, en novembre 2023, la députée MoDem et élue de Loire-Atlantique avait porté plainte contre le sénateur Joël Guerriau, qu'elle accuse de l'avoir droguée en vue de l'agresser sexuellement. 

Après une période de mi-temps thérapeutique, la députée faisait son retour à l'Assemblée pour demander au gouvernement la création d'une mission gouvernementale sur ce phénomène aux conséquences dramatiques. 

Si elle a par la suite été chargée par le gouvernement d'une mission pour lutter contre la soumission chimique, cette mission a été suspendue sine die par la dissolution de l'Assemblée et la démission du gouvernement Gabriel Attal.  

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