Durant la guerre du Vietnam, une franco-vietnamienne a été exposée à «l’agent orange», un défoliant ultra-toxique répandu par l’armée américaine et en a fait le combat de sa vie. Ce jeudi 22 août, 14 multinationales se retrouveront devant la cour d’appel de Paris afin de se prononcer sur leur responsabilité.
Près de 60 ans après les faits, Tran To Nga attend toujours d’obtenir justice. Âgée de 82 ans aujourd’hui, elle a été touchée par «l’agent orange» à l’âge de 24 ans, lors de la guerre du Vietnam. Un défoliant ultra-toxique utilisé par l’armée américaine, qui aurait causé la mort de 3 millions de morts et dont le nom provient de la couleur du bandeau peint sur les barils contenant ce produit.
Après plusieurs années de bataille, cette franco-vietnamienne saura ce jeudi 22 août si la cour d’appel de Paris reconnaît ou non la responsabilité de 14 groupes agrochimiques ayant le plus fourni ce produit à l’armée américaine.
L'agent orange, un herbicide et pas une arme chimique ?
«L'avion est passé avec un nuage blanc derrière lui (…) ça tombe très rapidement et c'est comme ça que je me suis retrouvée enveloppée d'un liquide gluant et, tout de suite, j'ai commencé à tousser, à m'étouffer», a relaté Tran To Nga lors d'une conférence de presse en avril.
Aujourd’hui, Tran To Nga souffre de tuberculose à répétition ainsi que d’un cancer et d’un diabète de type II. Si ses deux filles et ses petits-enfants sont atteints de pathologies graves liées à «l’agent orange», sa troisième fille, née en 1969, est décédée au bout de 17 mois d’une malformation cardiaque.
De quoi alimenter grandement ses motivations pour faire reconnaître son droit. Aux États-Unis, si des vétérans ont été indemnisés par certaines entreprises sans qu'un procès ait lieu, la justice avait rejeté la demande d’une association vietnamienne de victimes en 2005, sous prétexte que «l’agent orange» était un herbicide et non une arme chimique.
Prête à aller jusqu’au bout, Tran To Nga, s’est donc tournée vers la justice française mais a vu sa demande être rejetée par un tribunal parisien en 2021. En effet, celui-ci a donné raison aux défenseurs des 14 groupes inquiétés, en considérant qu’ils avaient agi sur ordre et pour le compte de l’État américain et qu'elles pouvaient, de ce fait, se prévaloir de «l'immunité de juridiction».