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Nouveau gouvernement : où en est la situation ?

Le Nouveau Front populaire ne parvient pas à se mettre d’accord pour proposer un Premier ministre, tandis que le camp présidentiel joue la montre en vue de construire une coalition alternative. [Philippe LOPEZ / AFP]

Plus d’une semaine après le résultat des législatives, Emmanuel Macron n’a toujours pas nommé de Premier ministre. Face aux difficultés rencontrées par le NFP pour proposer un candidat et à la volonté du président de créer une coalition «républicaine», la désignation d’un nouveau gouvernement pourrait encore prendre du temps, chargeant Gabriel Attal de quelques semaines de plus à Matignon.

Un gouvernement qui se fait attendre. Après avoir rejeté la démission de Gabriel Attal le lundi 8 juillet, Emmanuel Macron pourrait accepter le départ du locataire de Matignon ce mardi 16 juillet après le Conseil des ministres. C’est ce que le président de la République aurait laissé entendre lors de la réunion avec les poids lourds de Renaissance organisée à l'Elysée vendredi dernier. Toutefois, Gabriel Attal pourrait aussi être contraint d’assumer ses fonctions «aussi longtemps que le devoir l'exigera», comme il l’avait annoncé au lendemain de sa réélection dans les Hauts-de-Seine. 

Et pour cause : le Nouveau Front populaire, arrivé en tête aux législatives, ne parvient pas à se mettre d’accord pour proposer un Premier ministre, tandis que le camp présidentiel joue la montre en vue de construire une coalition alternative, chacun faisant planer sur l'autre la menace d'une motion de censure. L’élection du président de l’Assemblée nationale, ce jeudi, pourrait donner une idée plus claire sur la couleur du futur nouveau gouvernement. 

Le NFP ne tombe pas d’accord 

Après avoir mis quatre jours pour élaborer un programme et proposer un candidat unique dans 577 circonscriptions, la mission semble bien plus complexe pour le NFP, pour désigner un candidat pour le poste de Premier ministre. Les querelles internes et les ambitions personnelles ne cessent de faire patiner les discussions, qui pourraient, faute d’accord, avantager le camp présidentiel dans sa quête de coalition, voire conduire à un blocage total du pays avec un enchaînement de motions de censure.

Après Clémence Guetté, Olivier Faure, ou encore Huguette Bello, qui a finalement jeté l'éponge ce dimanche, faute de consensus entre «toutes les composantes du NFP», l'ensemble des propositions du NFP ne parviennent pas à mettre tout le monde d'accord. Au coeur du problème : une opposition entre les insoumis et les socialistes, qui s’estiment chacun en position de force, par rapport à leur nombre de députés et de militants pour les premiers, et en vertu du résultat favorable de Raphaël Glucksmann aux élections européennes pour les seconds.

«Il faut s'accorder le plus rapidement possible sur une candidature unique» pour l'élection de la présidence de l'Assemblée nationale, qui aura lieu jeudi, a plaidé le coordinateur de LFI, Manuel Bompard, répétant qu'Emmanuel Macron «met au défi» la gauche sur cette échéance. Face à cet enjeu, les insoumis sont prêts «à ce que cette candidature ne soit pas issue de LFI», car «désormais il faut avancer». «Nous disons que nous ne ferons jamais partie du problème mais de la solution», a-t-il insisté, estimant dans un communiqué que les négociations sont suspendues à ce stade. 

«En colère», plusieurs membres de LFI et des communistes ont déploré que le PS ait refusé «sans aucun argument» la candidature d'Huguette Bello. Les insoumis regrettent des «oppositions systématiques» et des «vetos», menant d'après eux à des «palabres sans fin». De son côté, Fabien Roussel, à l’origine de la proposition Huguette Bello, a regretté le «manque de clarté de plusieurs forces au sein du NFP». «Le problème que j’ai eu avec le PS, c’est qu’ils n’ont mis qu’un nom sur la table, Olivier Faure», a pour sa part avancé Marine Tondelier. 

«Moi, cette candidature elle me parle. Mais des socialistes considéraient, et c'est bien normal, que le parti qui a gagné les élections européennes à gauche, c'est le Parti socialiste, le parti qui est le plus en dynamique dans ces élections législatives (...) c'est le groupe socialiste», leur a répondu Olivier Faure, qui assure avoir proposé «d’autres noms», dont ceux de Johanna Rolland, la maire de Nantes, et Boris Vallaud, et qui déclare avoir trouvé ce lundi, un accord avec les écologistes et les communistes autour d'une proposition commune issue de la société civile : la présidente de la fondation européenne pour le climat, Laurence Tubiana. 

Le camp présidentiel divisé

Du côté du camp présidentiel, on préfère jouer la montre. Emmanuel Macron a annoncé vouloir attendre la «structuration» de l'Assemblée (notamment la constitution des groupes et l'élection de leurs présidents) pour nommer un nouveau chef de gouvernement. Dans une lettre aux Français publiée le 10 juillet, il a par ailleurs estimé qu'il fallait «laisser un peu de temps aux forces politiques pour bâtir des compromis avec sérénité et respect de chacun».

Dans ce cas de figure, le gouvernement actuel «continuerait d’exercer ses responsabilités puis serait en charge des affaires courantes comme le veut la tradition républicaine», a précisé Emmanuel Macron. En sous texte : le président à enjoint ses lieutenants trouver des solutions pour former cette fameuse coalition «républicaine», sans La France insoumise ni le Rassemblement national, afin qu’il puisse trouver une légitimité à nommer un Premier ministre qui ne serait pas issu du Nouveau Front populaire. 

Mais même du côté des macronistes, les avis divergent. Alors que Gabriel Attal a été élu président des députés Renaissance, le Premier ministre a soutenu l’idée d’un rapprochement avec une partie du Nouveau Front populaire, à savoir des députés socialistes et EELV, tandis que Gérald Darmanin, qui ne cache plus ses désaccords avec Gabriel Attal, ne veut pas entendre parler d’une quelconque alliance avec les écologistes, à qui il reproche notamment l’épisode de Sainte-Soline.

Pour ne rien arranger, Edouard Philippe plaide quant à lui pour un accord «technique» avec la droite républicaine, seule force, selon lui, en capacité d’apporter de «la stabilité», au regard du maintien de sa soixantaine de députés à l’Assemblée nationale. Un véritable mélimélo de propositions qui ne devrait pas non plus aider à la formation d’un gouvernement, dans le cas où Emmanuel Macron choisirait de passer outre la victoire du NFP. 

La bataille du perchoir 

Finalement, dans un camp comme dans l’autre, la constitution d’une alliance pour les uns et le choix d’un candidat consensuel capable de faire émerger un nouveau gouvernement, pour les autres, relève bien du casse-tête. Si Emmanuel Macron ne trouve pas de solution, le nouveau gouvernement sera exposé à une motion de censure qui, si elle était votée par plus de la moitié des élus, entrainerait le renversement de l'équipe ministérielle. Il faudrait donc tout recommencer.

Il ne faut pas non plus oublier le Rassemblement national, qui dispose du plus grand groupe à l’Assemblée nationale, et qui pourrait jouer le rôle d’arbitre pour faire valoir ses intérêts. La patronne du RN, Marine Le Pen, a d’ailleurs prévenu que son parti «censurera tout gouvernement où des LFI et des écologistes auraient des responsabilités ministérielles». 

En ce sens, le vote pour la présidence de l’Assemblée nationale, fixé ce jeudi, devrait permettre d'y voir plus clair. Si la persistance des trois blocs rend l’issue du scrutin peu lisible, le vote sera observé de très près, en haut lieu. Il devrait permettre de dégager les premières tendances de coalitions, et la sensibilité du président élu montrera quelle force est en situation de composer un gouvernement.

Un moyen de renverser les législatives pour l’ex-majorité, ou de revendiquer un peu plus sa légitimité pour le NFP, qui pourrait, faute d’accord pour un candidat à Matignon, appeler à une présidentielle anticipée.

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