Dans un contexte politique tendu, François Bayrou s'oppose à la formation d'un gouvernement d'union nationale partisan. Il appelle Emmanuel Macron à nommer un Premier ministre capable de rassembler au-delà des clivages.
Le président du MoDem, François Bayrou, a lancé ce mercredi une mise en garde contre la formation d'un gouvernement d'union nationale qui ne représenterait qu'un seul camp politique.
Cette déclaration intervient dans un contexte où certains soutiens d'Emmanuel Macron préconisent un accord avec la droite, notamment Les Républicains, tandis que le Nouveau Front populaire à gauche continue de revendiquer Matignon.
«On ne peut pas faire un gouvernement d'union nationale avec un seul camp», a affirmé M. Bayrou auprès de l'Agence France-Presse. Il a souligné les risques d'une approche basée uniquement sur les partis politiques : «Si vous passez par les partis, ce sont les intérêts partisans qui vont s'imposer». Selon lui, une telle démarche «serait vouée à l'échec».
«cette méthode, c'est la 4e République»
Les déclarations de François Bayrou interviennent dans un climat politique tendu, où la recherche d'une majorité stable à l'Assemblée nationale reste un défi majeur pour l'exécutif. Elles soulignent également les divergences au sein même de la majorité présidentielle quant à la stratégie à adopter pour gouverner efficacement.
François Bayrou critique tant l'approche de la gauche que celle des partisans d'un rapprochement avec la droite au sein du camp macroniste, qualifiant ces méthodes de «IVe République».
Le risque, c'est que «chacun va vouloir mettre ses lignes rouges», juge-t-il. Il cite, en guise d'exemple, le retour sur la réforme des retraites, celle de l'assurance chômage et la hausse du Smic à 10% pour la gauche, la reprise du projet sur l'immigration et une «politique de rigueur budgétaire» pour la droite.
Un Premier ministre pour réconcilier l'hémicycle
«Il faut adopter une démarche Ve République», «celle ou la capacité de rassemblement passe par un chef de gouvernement, qui choisit des ministres», a-t-il insisté. Il plaide pour qu'Emmanuel Macron nomme un Premier ministre «dont il estime qu'il peut rassembler» des deux côtés de l'Hémicycle.
Alors que Gabriel Attal a été maintenu pour l'instant dans ses fonctions, au lendemain de législatives qui ont vu le Nouveau Front populaire devancer la coalition présidentielle et le Rassemblement national, cette situation «ne peut pas durer des semaines», estime le président du MoDem.
«On est en train de tout gâcher d'une élection qui a pourtant été un révélateur considérable de deux choses : les Français ont dit à la fois leur mécontentement et leur refus des extrêmes. Et on veut en sortir en disant : le choix des électeurs, c'est d'installer un parti et d'écarter les autres», a estimé le leader centriste. «Tout ceci est voué à l'échec», a-t-il dit.
Alors que les discussions et les spéculations vont bon train sur la composition du prochain gouvernement, l'intervention de François Bayrou rappelle l'importance d'une approche inclusive et non partisane pour relever les défis auxquels la France est confrontée.