La Fondation Ifrap a chiffré les programmes des trois blocs politiques qui dominent les sondages. Leurs calculs montrent que celui du Nouveau Front populaire pourrait amener jusqu'à 233 milliards d'euros de dépenses publiques supplémentaires.
Un véritable «choc budgétaire». C'est ainsi que la Fondation Ifrap, think tank à tendance libéral, qualifie le programme économique du Nouveau Front populaire présenté pour les prochaines élections législatives.
Comparez d'un coup d'oeil les programmes en vue des élections législatives 2024
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Et pour aller loin, retrouvez les chiffrages de la Fondation IFRAP pour les trois principales forces politiques de cette élection :
La majorité présidentielle… pic.twitter.com/v0RrNMEZOx— Fondation IFRAP (@iFRAP) June 21, 2024
L'organisation a chiffré les différentes promesses de campagne des trois blocs principaux du scrutin : l'union de la gauche, le Rassemblement national et la majorité présidentielle (Ensemble pour la République).
La retraite à 60 ans comme principal élément de dépense
Si l'exécutif ne compte pas dévier de sa politique budgétaire restrictive, le Nouveau Front populaire entend axer sa politique sur la dépense publique. Ainsi, les calculs la Fondation Ifrap font état d'un programme budgétaire comprenant «233 milliards de dépenses supplémentaires par an et à l'horizon 2027», est-il indiqué sur leur compte-rendu.
Dans son tableau résumant les dépenses, l'Ifrap met en avant un coût de 68 milliards pour le passage à une retraite à 60 ans avec 40 annuités pour tous, 24 milliards en raison de l'augmentation du minimum contributif et du minimum vieillesse, ou encore 20 milliards pour la hausse de 10% du point d'indice des fonctionnaires, parmi les trois mesures les plus chères.
Agnès Verdier-Molinié, directrice de l'IFRAP, sur le programme proposé par le Front populaire : «Si on appliquait ce programme, on creuserait le déficit public, mais aussi le déficit commercial qui n'est déjà pas flambant» dans #PunchlineWE pic.twitter.com/Z9IxVFoAKs
— CNEWS (@CNEWS) June 21, 2024
«Si on appliquait ce programme, on creuserait le déficit public, mais aussi le déficit commercial qui n'est déjà pas flambant», a ainsi estimé Agnès Verdier-Molinié, la directrice de l'Ifrap, sur l'antenne de CNEWS, ce vendredi 21 juin.
Un déficit accru de 178 milliards d'euros par an
Une forte hausse de la dépense publique, qui s'accompagne, en contre-partie, d'une hausse relative des recettes à hauteur de 55 milliards d'euros, toujours selon l'institut. Ici encore, les trois éléments les plus forts sont le rétablissement de l'ISF renforcé avec un volet climatique (+15,2 milliards), le retour lié à l'égalité salariale effective homme-femme (+10 milliards) ou encore la réforme promise sur la progressivité de l'impôt à 14 tranches (+5,5 milliards).
Le bilan serait ainsi très lourd à l'échelle comptable. «Avec le Nouveau Front Populaire, la déficit public s'alourdirait de près de 178 milliards d'euros par an, soit un quasi-doublement par rapport à son niveau actuel», en déduit la Fondation Ifrap. «Le risque ? Qu'un gouvernement qui appliquerait un tel programme soit très vite sanctionné par les investisseurs alors que la France a déjà besoin, pour se financer, d'emprunter 300 milliards d'euros par an sur les marchés financiers», est-il détaillé en conclusion.
Ce vendredi, dans une conférence de presse, le sénateur socialiste Alexandre Ouizille avait annoncé un programme chiffré à 25 milliards d'euros sur l'année 2024 et 100 milliards de plus en 2025, soit 125 milliards sur les 18 prochains mois. Avec, pour objectif final, un coût évalué à 150 milliards à l'horizon 2027.
Questionné sur les conséquences sur le déficit public, Éric Coquerel, député LFI sortant de la Seine-Saint-Denis, avait souligné que «notre logique ce n'est pas d'augmenter les dépenses par une augmentation des déficits». Depuis quelques jours, plusieurs économistes renommés, dont Julia Cagé et la prix Nobel Esther Duflo, ont estimé le programme du Nouveau Front populaire «crédible sur le plan économique».