Il y a cinquante ans, le 27 mai 1974, Valéry Giscard d'Estaing devenait le troisième président de la Ve République. Pendant ses sept années au pouvoir, VGE a modernisé la vie politique et la société française, marquant une rupture significative avec ses prédécesseurs.
«Vous n'avez pas le monopole du cœur». Outre cette phrase choc prononcée à l'égard de François Mitterrand, lors du débat télévisé d'entre deux tours et restée dans les mémoires, Valéry Giscard d'Estaing a laissé un héritage plus profond, par ses réformes politiques.
Plus jeune président de la Ve République, élu à 48 ans, le 27 mai 1974 – record de précocité qu'il gardera jusqu'à l'élection d'Emmanuel Macron en 2017 –, le candidat gaulliste a, durant sept ans, modernisé la France.
Dès son discours d'investiture, au cours duquel il ne porte pas le costume traditionnel en queue-de-pie, «VGE» annonce la couleur : «De ce jour, date une ère nouvelle de la politique française. Ainsi, c'est moi qui conduirai le changement, mais je ne le conduirai pas seul. J'entends encore l'immense rumeur du peuple français qui nous a demandé le changement. Nous ferons ce changement avec lui, pour lui, tel qu'il est dans son nombre et dans sa diversité, et nous le conduirons en particulier avec sa jeunesse. »
Majorité à 18 ans, IVG, refonte de l'audiovisuel...
Maître en communication, visionnaire et inspiré des méthodes américaines du président Kennedy, Valéry Giscard d'Estaing affiche sa volonté de s'adresser à la jeunesse. Lors de son investiture, il remonte à pied les Champs-Elysées pour aller fleurir la tombe du Soldat inconnu, un fait inédit.
Dès son accession au pouvoir, il met en place d'importantes réformes législatives avec pour objectif de les adapter à l'évolution de la société. Une des grandes réformes de son septennat est l'abaissement de la majorité à 18 ans, promue le 5 juillet 1974.
En ce sens, VGE lance très tôt la dépénalisation de l'Interruption volontaire de grossesse (IVG). La loi du rencontre une forte opposition mais est finalement adoptée grâce au vote des députés de gauche et du centre.
Réforme constitutionnelle
Six mois plus tard, la loi du 11 juillet 1975 instaure le divorce «par consentement mutuel» ou «pour rupture de la vie commune». Auparavant, seule une faute de la part d'un des deux conjoints rendait le divorce possible.
Le président, décédé le 2 décembre 2020 des suites du Covid-19, est également à l'origine d'une loi en faveur des handicapés, votée le 3 juin 1975. Considérée comme fondatrice, elle prévoit des droits fondamentaux (droit au travail, droit d'être intégré en milieu ordinaire...).
Par ailleurs, la révision constitutionnelle qu'il promeut le 29 octobre 1974 élargit la possibilité de saisine du Conseil constitutionnel aux parlementaires (60 députés ou 60 sénateurs). Enfin, Valéry Giscard d'Estaing, qui prendra un virage conservateur à la fin de son septennat, est l'initiateur de la refonte de l'audiovisuel : l'Office de radiodiffusion-télévision française (ORTF) est démantelé afin de le dépolitiser. Cette mesure met également fin à la censure dans le cinéma français.