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Lina : témoins, recherches, enquête... Retour sur 8 mois de mystère entourant la disparition de l’adolescente

Cela fait 8 mois que Lina n'a plus donné de signe de vie. [DR]

Le 23 septembre 2023, un appel à témoins a été lancé par la gendarmerie du Bas-Rhin à la suite de la disparition inquiétante de Lina. Huit mois après, et malgré les battues, les opérations de recherche et les auditions, aucune trace de l’adolescente de 15 ans n’a été retrouvée.

Il y a un peu plus de huit mois, soit le 23 septembre 2023, Lina devait rejoindre son petit ami Tao à Strasbourg. Ce jour-là, l’adolescente, qui habite à Plaine, devait emprunter le train depuis la gare de Saint-Blaise-la-Roche, dans le Bas-Rhin. Une gare située à quelques kilomètres du domicile de Lina. Cette dernière devait alors marcher pendant près de 3 km, un trajet qu’elle avait l’habitude de faire.  

Le train devait arriver en fin de matinée à Strasbourg. Néanmoins, ne la voyant pas arriver, Tao a commencé à s’inquiéter. Contactée par le petit ami de l’adolescente, Fanny Groll, mère de Lina, a donné l’alerte. Un appel à témoins a alors été publié par la gendarmerie nationale.  

Deux jours après la disparition de Lina, soit lundi 25 septembre 2023, le parquet de Saverne a décidé d’ouvrir une enquête pour «disparition inquiétante». Entre temps, des battues ont été organisées, réunissant près de 400 personnes, proches, connaissances ou habitants des alentours, pour tenter de retrouver la trace de l’adolescente.  

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Gendarmerie Nationale

Les battues se sont principalement déroulées près d'un étang de pêche à la sortie du village, à côté de la petite route que devait emprunter la jeune fille pour aller à la gare Saint-Blaise-la-Roche.

Lina aperçue par deux témoins

Mardi 26 septembre en fin d'après-midi, Aline Clérot, procureure de la République de Saverne, a tenu sa première conférence de presse afin de donner plus de détails sur la disparition, jugée inquiétante mais également mystérieuse, de l’adolescente. Durant celle-ci, la magistrate a indiqué que deux témoins avaient vu Lina sur le trajet de la gare entre 11h15 et 11h30. 

En parallèle, selon la procureure, «aucune trace sur la chaussée ou le bas-côté n’a été observée à cette heure, évoquant la survenance d’un accident de la route dont elle aurait été victime». 

Cependant, un fait est jugé étonnant. En effet, toujours selon Aline Clérot, le téléphone de Lina a cessé d’émettre à 11h22, le 23 septembre, sur le secteur des recherches. Toutefois, «aucune activité bancaire sur le compte de Lina n’a été constatée» depuis la disparition de l’adolescente.   

«Un premier dispositif de recherches a été mis en place par la gendarmerie sur l’itinéraire emprunté par Lina. Des vérifications ont également été effectuées, à la fois dans les rames télésurveillées du train que devait prendre l’adolescente et à la gare de Strasbourg via les caméras de vidéoprotection», avait dit Aline Clérot. 

Malgré ces vérifications, la mineure disparue n’apparaissait pas sur les vidéos exploitées et la gare de Saint-Blaise-la-Roche n’était pas équipée d’aucune caméra de vidéoprotection. 

Concernant les recherches et les opérations de ratissage, d’importants dispositifs ont été déployés par la gendarmerie pour tenter de retrouver la trace de l’adolescente. Parmi eux, on note une équipe cynophile, un hélicoptère porteur de caméras thermiques et des drones.  

Première prise de parole de la mère de l'adolescente

Mercredi 27 septembre, la mère de Lina, Fanny Groll, s’est exprimée, pour la première fois depuis la disparition de sa fille, sur CNEWS. «C’est très compliqué. Je ne vais pas bien, cela est une certitude. J’essaye de garder le cap parce que c’est comme cela que je vais pouvoir aider Lina. Elle a besoin que je sois forte pour pouvoir l’aider. J’en suis là aujourd’hui», a-t-elle dit. «Je me bats et je ne lâcherai pas», a-t-elle ajouté.  

Des mots extrêmement forts alors même que Lina demeure disparue, ne donnant aucun signe de vie. Fanny Grall ne comptait pas baisser les bras rapidement, les habitants de Plaine non plus. Les opérations de recherche et de ratissage se sont poursuivies, mais aucune trace de Lina n’avait été retrouvée.  

Deux jours plus tard, soit vendredi 29 septembre, des premières perquisitions ont eu lieu à Plaine. Cela fait suite à un signalement portant sur un véhicule de couleur sombre ayant emprunté la départementale dans le créneau de la disparition de la jeune lycéenne, sans que cette personne ne se soit manifestée. 

Par conséquent, une «opération coordonnée d’envergure» en «plusieurs points de la zone potentielle de disparition» a ainsi permis de mener «des actes de police technique et scientifique sur plusieurs véhicules ciblés par l’enquête», avait révélé la procureure de la République de Saverne, Aline Clérot. Selon la gendarmerie, il s’agit d’une douzaine de véhicules qui étaient concernés par cette opération. 

L'enquête bascule en information juDiciaire

Plus d'une semaine après la disparition de Lina, l'enquête a pris une autre tournure dimanche 1er octobre 2023. Ce jour-là, le parquet de Strasbourg a décidé d'ouvrir une information judiciaire pour «enlèvement ou séquestration».

Le parquet de Saverne, jusqu'alors compétent, s'était dessaisi au profit de Strasbourg qui avait ouvert une information judiciaire «des chefs d'enlèvement ou séquestration de plus de sept jours», selon les procureures de Saverne, Aline Clérot, et de Strasbourg, Yolande Renzi. Deux juges d’instruction avaient alors été cosaisis pour diriger les investigations.

Ce qui est sûr, en tout cas, c'est que le parquet s'attendait à une mission «compliquée» puisque, dans un communiqué en date du 2 octobre, le ministère public indiquait s'attendre à «des investigations de longue haleine» puisqu'«aucune charge n'a été réunie contre quiconque» et «aucune piste n’était écartée ni privilégiée».

Si jusqu'à aujourd'hui, l'enquête n'a pas réellement avancé, une autre affaire, entourant Lina, a surgi. En effet, le 19 janvier 2024, l'avocat de la famille Delastre a confirmé que l'adolescente avait porté plainte, un an avant sa disparition, pour viol. 

Un viol, une affaire classée... puis une information judiciaire

Les faits se seraient déroulés le 4 mai 2022. Âgée de 13 ans et 8 mois à l’époque, Lina avait passé la soirée au domicile d'un ami au cours de laquelle elle avait eu des rapports sexuels avec deux jeunes hommes. Elle avait déposé plainte pour viol contre ces deux personnes le 27 juin 2022.

Selon sa cousine, Louane, l'adolescente aurait reçu des insultes et des menaces à la suite du dépôt de la plainte. L’inquiétude de Lina ne faisait que s'accentuer et l’adolescente de 15 ans ne parvenait plus à trouver le sommeil.

L'affaire avait finalement été classée sans suite par le parquet de Saverne (Bas-Rhin) pour infraction «insuffisamment caractérisée». Mais ce vieux dossier est revenu sur la table après la disparition de l'adolescente. Le ministère public avait, alors, fait savoir le 22 janvier 2024 que l'affaire allait être réexaminée. 

Le 5 février 2024, cette seconde enquête a basculé en information judiciaire, ouverte par le parquet de Strasbourg, «du chef de viol commis sur mineure de 15 ans par un majeur avec différence d’âge d’au moins 5 ans». 

Au fil du temps, on apprenait un peu plus sur le profil d'un des deux jeunes hommes accusés d'avoir violé Lina. Selon les informations de nos confrères des Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA), celui-ci serait également mis en cause dans un autre dossier de viol. En effet, les faits remonteraient au 24 juillet 2021.

À l’époque, alors âgé de 19 ans, ce même jeune homme aurait été visé par une plainte déposée par deux jeunes filles âgées de 15 ans et demi et 16 ans. Selon celles-ci, le suspect les aurait violées tour à tour lors d’une soirée entre jeunes dans la vallée de la Bruche, toujours dans le Bas-Rhin.

Comme le notent nos confrères, ces faits auraient été accompagnés d’autres violences et d'humiliations, de la destruction du portable de l’une des victimes et de la dissimulation de celui de la seconde afin de les priver d’appeler les secours. Une enquête aurait alors été ouverte par le parquet de Saverne et l’instruction serait toujours en cours.

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