La plupart des listes pour les élections européennes sont complétées par des cadres, tenors, voire parfois des anciens ministres dans les dernières places. Mais s’il s’agit de positions non-éligibles, la présence de certaines personnalités politiques de premier plan répond bien à une stratégie bien rodée en vue du scrutin du 9 juin prochain.
Le 1er mai dernier, lors d’un meeting à Perpignan (Pyrénées-Orientales), Marine Le Pen faisait son entrée dans la campagne des européennes. Déjà cheffe des députés du Rassemblement national, on apprenait ainsi qu'elle figurait en avant-dernière position de la liste portée par Jordan Bardella pour le scrutin du 9 juin prochain.
Si elle occupe une place non-éligible, le fait d’être nommée répond à une stratégie politique. «Il y a une tradition qui s’est établie au sein des partis européens que l’on peut qualifier de «populistes» ou bien qui ont un leader, comme le Rassemblement national ou La France insoumise. Elle consiste à ne pas être directement élu, a expliqué à CNEWS le politologue Philippe Moreau-Chevrolet. Les leaders laissent d’autres être élus et eux continuent de diriger en coulisses».
Marine Le Pen n’est pas la seule cadre politique à figurer dans les derniers sur une liste. En effet, Jean-Luc Mélenchon soutient lui aussi de son côté la candidature de Manon Aubry, pour La France insoumise, en occupant la 80e place de sa liste, tandis que Fabien Roussel est en dernière position de celle portée par Léon Deffontaines, pour le Parti communiste. Idem pour Éric Zemmour sur la liste de Marion Maréchal et de Reconquête.
«Ils font ça pour essayer de garder un lien avec la population tout en ne se compromettant pas avec le système. Ils continuent de représenter une autorité morale, tout en restant un challenger permanent», a analysé le politologue.
Des cadres au secours de la candidate de la majorité ?
Les listes de l’opposition ne sont pas les seules à contenir des cadres. C’est aussi le cas du côté de la majorité présidentielle, représentée par Valérie Hayer. En effet, le 2 mai dernier, l’ex-Premier ministre Édouard Philippe, le président du MoDem François Bayrou ainsi que le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères Stéphane Séjourné, entraient, à leur tour en campagne, suivis, par Elisabeth Borne, qui occupera la dernière place.
Cependant, la stratégie appliquée par la majorité n’est pas la même que ses adversaires estime Philippe Moreau-Chevrolet. «Le scrutin n’est pas leur priorité, ils envoient constamment des seconds couteaux, a-t-il jugé. Les cadres sont obligés de s’engager. Ils viennent en pompiers, pour soutenir une liste technique sans leader charismatique».
Des inscriptions qui visent ainsi à renforcer une liste qui peine à grimper dans les sondages. Selon le dernier sondage OpinionWay pour CNEWS, publié le 3 mai dernier, Valérie Hayer obtiendrait 17% des voix le 9 juin prochain.
Une campagne au ralenti dans laquelle les cadres de la macronie «prennent le risque de se rendre impopulaire», voire, «de perdre des points», selon Philippe Moreau-Chevrolet.