Une ancienne magistrate du tribunal judiciaire de Châteauroux a été la cible de messages de haine et de menaces sur les réseaux sociaux par des internautes lui reprochant à tort d’avoir remis en liberté, lors de précédentes affaires, le suspect du meurtre du jeune Matisse.
Le parquet de Bourges a fait part ce mercredi de son indignation après que des propos haineux et des menaces visant une magistrate ont été tenus sur les réseaux sociaux. Les internautes ont reproché à cette ancienne juge du tribunal de Châteauroux d’avoir laissé en liberté l’adolescent responsable de la mort du jeune Matisse, alors qu’il avait déjà été mis en examen par le passé pour des faits similaires. Il s’agit pourtant d’une fausse information puisque la magistrate en question n’est jamais intervenue sur ce dossier.
«Depuis la survenance de ces faits dramatiques, des propos haineux et menaçants sont formulés, tant sur internet que sur les réseaux sociaux, à l’encontre d’une ancienne magistrate du tribunal judiciaire de Châteauroux», a indiqué un communiqué publié par le parquet de Bourges. «Certains estiment pouvoir reprocher, dans le cadre d’affaires pénales antérieures, la remise en liberté de ce mineur», ont dénoncé le premier président et le Procureur général de la cour d’appel.
Pourtant, dans cette affaire, les magistrats précisent que leur collègue «dont le nom est injustement livré au grand public», n’est «jamais intervenue à quelque titre que ce soit, dans les procédures civiles ou pénales concernant le jeune Rahman M.». Par ailleurs, ils s’indignent du fait qu’au «mépris de la loi» des internautes «critiquent violemment l’action légitime de magistrats qui, dans le strict respect de la loi française, n’envisagent l’incarcération d’un jeune mineur auteur de délits - quelle que soit son origine - qu’avec la prudence légitime que chacun est en droit d’attendre», ont-ils ajouté.
Deux interpellations et une mise en examen
Pour rappel, le jeune Matisse, 15 ans, a été tué le 27 avril dernier au cours d’une bagarre à l’arme blanche par Rahman M., un autre mineur de 15 ans, à Châteauroux, dans l’Indre. Pour sa défense, l’adolescent avait invoqué des propos racistes tenus par le jeune Matisse, qui l’aurait notamment traité de «fils de Ben Laden» et lui aurait demandé de «retourner dans son pays». Le suspect, un jeune Afghan en situation régulière sur le territoire, a été mis en examen du chef d'homicide volontaire et placé en détention provisoire.
Depuis le début de l'année, le suspect avait déjà été interpellé à deux reprises : le 29 février et le 20 avril. À chaque fois pour vol avec violence en réunion sous la menace d'un couteau. Il avait notamment été mis en examen «pour des faits de nature correctionnelle» et placé sous contrôle judiciaire par un juge d'instruction le 22 avril, «seule mesure de sûreté prévue par le code de la Justice pénale des mineurs vu son âge, sans condamnation antérieure».
Une marche blanche en hommage au jeune Matisse sera organisée samedi après-midi dans le centre-ville de Châteauroux, a-t-on appris mardi auprès du maire de la commune, Gil Avérous.