Ce mardi 19 mars, les infirmières libérales et infirmiers libéraux de France ont prévu des actions de protestation dans tout le pays. Ils demandent une revalorisation de leur rémunération mais aussi la reconnaissance de la pénibilité de leur métier.
«Le temps des beaux discours est révolu» pour les infirmières et infirmiers libéraux qui «passent à l'action» ce mardi 19 mars. Déplorant la stagnation des grilles de rémunération depuis 2009, la profession, majoritairement féminine, demande l'ouverture en urgence de négociations avec la Caisse nationale d'assurance maladie afin de «compenser l'impact de l'inflation».
Le collectif Infirmiers libéraux en colère est le fer de lance de cette mobilisation, avec le soutien de deux des trois syndicats représentatifs de la profession : le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil) et Convergence Infirmière. Des actions sont prévues dans toute la France, avant une grande manifestation nationale à Paris, le 4 avril prochain.
Ces soignants disent être frappés de plein fouet par l'inflation puisque «la plupart de [leurs] honoraires sont bloqués depuis plus de dix ans», selon Ghislaine Sicre, infirmière dans l'Hérault et présidente de Convergence Infirmière. Auprès de La Dépêche, elle développe : «un pansement post-opératoire est facturé 6,30 euros, une piqûre 4,50 euros et sur ces tarifs bruts il y a 50% de charges».
[Communiqué de presse] - Le Sniil et le @Idelencolere appellent à une journée de #mobilisation le 19 mars 2024 https://t.co/k0MHsiJpyn pic.twitter.com/an0CG6mZyw
— Sniil (@Sniil1) March 4, 2024
L'augmentation globale de ces charges est un point de crispation, de même que les indemnités de déplacement, actuellement à 2,75 euros par trajet après une récente augmentation de 25 centimes, jugées trop faibles. Dans ces conditions, ces professionnels sont contraints de réalisés davantage d'actes chaque jour pour avoir une rémunération équivalente et travaillent jusqu'à 70 heures par semaine.
Résultat : une enquête réalisée auprès de 5.423 participants et publiée en novembre 2023 par Convergence Infirmière a révélé que 76% des infirmières et infirmiers libéraux se disent fatigués, déprimés et «à la limite du burn-out». D'après Ghislaine Sicre, 65% d'entre eux ont consulté un professionnel de santé pour des douleurs et 56% envisagent une reconversion dans les cinq prochaines années.
Voilà pourquoi le Sniil et le collectif Infirmiers libéraux en colère revendiquent également «l'ouverture de travaux sur la reconnaissance de la pénibilité» du métier et «sur les simplifications à apporter afin de retrouver une qualité de vie au travail». «Dans un deuxième temps», les deux organisations plaident pour des négociations «portant sur les compétences infirmières, en lien avec la réingénierie de la profession en cours».
«Le système de santé ne peut pas se payer le luxe de voir cette profession disparaître à petit feu dû à l’épuisement et au découragement de ces acteurs qui demeurent les rares professionnels de santé à encore se rendre au domicile des patients», écrivent le Sniil et le collectif Infirmiers libéraux en colère. Il y a urgence «à redonner du sens, à faire confiance à la profession, mais aussi à la rendre plus attractive».