Selon un sondage de l’institut CSA pour CNEWS, Europe 1 et le JDD, publié ce dimanche 10 mars, 56% des Français pensent que ce sont les narcotrafiquants qui font la loi à Marseille (Bouches-du-Rhône).
Une situation inquiétante dans la cité phocéenne. Un sondage de l’institut CSA pour CNEWS, Europe 1 et le JDD révèle ce dimanche 10 mars que 56% des Français estiment que ce sont les narcotrafiquants qui font la loi à Marseille (Bouches-du-Rhône). Un chiffre très élevé alors que seulement 13% considèrent que l’État est encore en position de force dans la ville, tandis que 18% pensent que ni les trafiquants, ni l’exécutif, contrôlent Marseille. Enfin, 13% des personnes sondées ne savent pas qui fait la loi.
Devant une commission sénatoriale, quatre magistrats marseillais, en première ligne dans la lutte contre le trafic de drogue ont décrit une «narcoville», où l’activité criminelle se poursuit parfois depuis la prison, où les risques de corruptions s’étendent. «Je crains que nous soyons en train de perdre la guerre contre les trafiquants à Marseille», déclarait d’ailleurs Isabelle Couderc, vice-présidente du pôle criminalité organisée de la JIRS de Marseille.
Dans le détail, 56% des femmes et des hommes pensent que ce sont les trafiquants de drogue qui font la loi à Marseille, alors que 16% des hommes et 11% des femmes considèrent que c’est encore l’État. Les Français âgés entre 50 et 64 ans sont les plus nombreux à avoir répondu «les narcotrafiquants» à la question posée par l’institut CSA (64%), devant les 65 ans et plus (59%). A noter que les 18-24 ans sont les plus nombreux, bien que toujours minoritaires, à penser que l’État fait la loi à Marseille (25%).
En ce qui concerne les catégories socioprofessionnelles des personnes interrogées, les CSP-, qui représentent les moins favorisés, sont les plus nombreux à considérer que les narcotrafiquants font la loi dans la cité phocéenne (62%), 4 points de plus que les CSP+, et 12 par rapport aux inactifs (50%), dont 19% d’entre eux considèrent que ni l’Etat, ni les narcotrafiquants contrôlent la ville.
A l’échelle nationale, c’est dans les autres régions de France que l’on pense que les narcotrafiquants font la loi à Marseille (57%). Beaucoup plus que les personnes sondées qui résident sur la côte méditerranéenne, qui sont tout de même 45% à penser que les trafiquants sont à la tête de la ville.
L’Etat totalement démuni selon la droite
Si l’on se penche sur l’opinion politique des personnes sondées, la réponse est unanime également. Dans le détail, 44% des sympathisants de gauche pensent que les narcotrafiquants font la loi. Alors que ceux proches des idées d’Europe Ecologie-Les Verts sont les plus nombreux à le penser (48%), devant les socialistes (43%), les Insoumis sont eux plus partagés. En effet, 32% des électeurs de LFI ont répondu «les narcotrafiquants» à la question posée par l’institut CSA, alors que 26% pensent que l’Etat fait la loi dans la ville et que 20% considèrent que c’est «ni l’un, ni l’autre».
A droite, les scores sont beaucoup plus alarmants pour l’Etat. En effet, 75% des Français sympathisants du Rassemblement national voient Marseille comme une ville aux mains des trafiquants. Idem chez Les Républicains (71%).
Du côté de la majorité, les électeurs de Renaissance, parti au pouvoir, sont 61% à penser que les narcotrafiquants ont pris le contrôle de Marseille.
Les Français en faveur d’un durcissement des conditions de détention
Pour lutter contre les narcotrafiquants à Marseille, 41% des personnes interrogées par l’institut CSA souhaitent un durcissement des conditions de détention dans les prisons pour empêcher les trafiquants d’agir depuis leur cellule.
Comme solution pour endiguer ce fléau, 35% des Français défendent un renforcement des effectifs de police, 31% qu’il faut donner davantage de pouvoir à la justice. Comme recours, 28% des répondants ne seraient pas contre l’intervention de l’armée, tandis que 27% veulent punir plus sévèrement les consommateurs de drogue. Enfin, 22% pensent qu’un renforcement du tissu associatif local, afin de maintenir le lien avec les jeunes, pourrait être une bonne idée.
L'année 2023 fut la plus sanglante à Marseille, avec 49 personnes tuées, dont quatre victimes collatérales, et 123 blessées dans la guerre de territoires opposant des gangs rivaux. Une violence qui brise des familles et fait vivre les habitants de certains quartiers dans la peur. Une problématique prise très au sérieux par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui a fait de la lutte contre la montée de la violence dans la ville une de ses priorités.
*Sondage réalisé par questionnaire auto-administré entre le jeudi 7 et le vendredi 8 mars, auprès d’un échantillon représentatif de 1.013 personnes âgées de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.