Ce samedi, avant l'ouverture au public du Salon de l'agriculture, Emmanuel Macron a annoncé l'instauration d'un prix plancher «pour protéger le revenu agricole». Mais que signifie cette solution qui est jugée ni suffisante, ni «possible au niveau européen», selon les syndicats ?
C'était l'une des promesses phares tenues par le chef de l'État, ce samedi, après avoir été chahuté au Salon de l'agriculture. Dans sa prise de parole, en amont de l'ouverture au public, Emmanuel Macron a déclaré vouloir «déboucher sur des prix planchers qui permettront de protéger le revenu agricole et de ne pas céder à toutes les pratiques les plus prédatrices qui aujourd’hui sacrifient nos agriculteurs et leurs revenus».
Très concrètement, la définition d'un prix plancher s'établit lors des négociations commerciales, où il sera impossible pour les représentants de l'agroalimentaire d'acheter en dessous d'un tarif ne garantissant pas un revenu suffisant pour les agriculteurs. Cela peut concerner toutes les filières : lait, viandes, céréales. Cette mesure, déjà censée être appliquée au sein des lois Egalim, serait cette fois-ci garantie.
Pour ce faire, l'exécutif souhaite mettre en place un «indicateur de coût de production agricole» qui irait plus loin que le cadre législatif en place. Ce lundi matin, Agnès Pannier-Runacher, la ministre déléguée auprès du ministre de l'Agriculture a précisé à Public Sénat l'objectif du gouvernement : «Responsabiliser chaque interprofession pour faire de leur indicateur de référence, la référence des contrats agricoles».
Les syndicats septiques sur la mise en place
Mais la mesure n'a pas entièrement satisfait les syndicats agricoles. «S'ils veulent essayer leur prix plancher, pourquoi pas ? Qu'ils essayent dans certaines filières où l'on pourrait les voir : le porc, la volaille ou le lait», a d'abord défendu Véronique Le Floc'h, présidente nationale de la Coordination rurale, sur le plateau de l'Heure des Pros, ce lundi 26 février. Mais elle a surtout souligné que «le prix plancher est impossible au niveau européen, car nous n'avons pas tous les mêmes coûts de production».
Véronique Le Floc’h : «Un prix plancher au niveau européen, ce n’est pas possible», dans #HDPros pic.twitter.com/Js3sRwPrA8
— CNEWS (@CNEWS) February 26, 2024
«Si on met un prix plancher suffisamment élevé, on va développer la production à l'est de l'Europe et nous allons être concurrencés. De toute manière, quels que soient ces modèles, il faut une régulation des productions», a-t-elle soutenu. Elle souhaite que ce raisonnement soit appliqué à «100% de la production», même celle destinée à l'exportation.
De son côté, Thomas Gibert, secrétaire national de la Confédération paysanne, va dans le sens de sa consœur en estimant qu'un «prix plancher, sans régulation du marché en face, ne suffira pas à obtenir un prix garanti pour nos productions et une juste rémunération», a-t-il affirmé auprès de France Bleu.
Se pose désormais la question de la mise en place d'une telle mesure. Le 21 février dernier, le Premier ministre Gabriel Attal avait annoncé un nouveau texte de loi «d'ici à l'été». Jusqu'à cette période, la situation entre le gouvernement et le mouvement agricole risque d'être tendu.