Présente depuis 1818 sous les arcades du Palais-Royal (Ier), la boutique À l’Oriental risque d’être détruite, pour agrandir le Conseil constitutionnel qui se trouve à côté. La gérante défendra ce jeudi 15 février l’annulation de la destruction du magasin, dont elle a été expulsée le 22 janvier.
Depuis son expulsion de ses locaux, le 22 janvier dernier, Rakel Van Kote ne cesse de se battre pour faire annuler la destruction de la boutique À l’Oriental, véritable monument présent sous les arcades du Palais-Royal depuis 206 années, et désormais vidé de sa marchandise.
Le jour de son expulsion, la gérante des locaux depuis 1999 s’est souvenue être tombée nez-à-nez avec la police en arrivant sur son lieu de travail, dont les serrures avaient été changées. «Après 25 ans que je tiens la boutique, 200 ans qu’elle existe, on me donne un coup de pied en toute impunité», s’est-elle désolée auprès du Parisien.
Rakel van Kote assure n’avoir jamais reçu d’avis avant la matinée de cette expulsion.
«Vous n’imaginez pas que cela vous arrivera un jour»
La boutique est la propriété du Centre des Monuments nationaux (CMN), et propose depuis 1818 des articles pour fumeurs, tels que des étuis à cigarettes, des pipes ou encore des tabatières, mais aussi des bijoux des XVIIIe et XIXe siècles collectionnés depuis 25 ans par Rakel Van Kote.
Mais la convention d’occupation du domaine public est arrivée à échéance le 31 décembre 2022, et n’a pas été renouvelée par la CMN. Pour cause, le Conseil constitutionnel, voisin de la boutique, souhaite installer une salle d’accueil et agrandir son magasin de souvenirs.
À l’époque, un espace alors occupé par un marchand de timbres anciens avait déjà été réquisitionné par le Conseil.
«Vous n’imaginez pas que cela vous arrivera un jour. Vous vous pensez protégé par le CMN, vous avez pignon sur rue depuis 25 ans, dans une boutique elle-même mémoire de Paris», a déclaré Christine Nédélec, secrétaire générale de SOS Paris, association défenseuse du patrimoine architectural qui soutient la gérante dans son combat.
Un vice de procédure, selon l'avocat
Pour faire valoir l’annulation du procédé d’expulsion ce jeudi 15 février, l’avocat de la gérante a ancré sa défense sur un vice de procédure, car le jugement présenté par l’huissier n’était pas signé par le juge, selon lui.
«C’est un ultime recours. L’original signé existe, mais n’est pas celui qui a été présenté à ma cliente. Cela rend irrégulier le commandement de quitter les lieux», a indiqué Me Sorin Margulis, expliquant que l’huissier n’avait ni le droit d’embarquer le stock, ni la possibilité de recourir aux forces de l’ordre dans ce contexte.
Alerte ! Au Palais-Royal, une boutique fondée en 1818 est menacée de destruction pour agrandir une salle d'accueil du Conseil Constitutionnel. La pétition ici https://t.co/spbnw2kaWo@datirachida @MinistereCC pic.twitter.com/Crauv9rMbM
— SOS Paris (@SOSParis) January 24, 2024
«Sauvez l’Oriental et vous me sauvez aussi», continue à supplier Rakel Van Kote sur une vidéo partagée sur les réseaux sociaux de SOS Paris, qui a lancé une cagnotte pour aider la gérante à rapatrier son stock - entreposé à Taverny (Val-d’Oise) - et trouver un nouveau local.