Selon les chiffres communiqués par Éric Dupond-Moretti ce mardi 2 janvier, l’année 2023 aurait connu une baisse des féminicides de 20 %. Cependant, les associations féministes émettent des doutes.
Bien qu’encourageante, la nouvelle concernant la baisse du nombre de féminicides en France en 2023 n’a pas fait l’unanimité. Dans un entretien ce mardi, Éric Dupond-Moretti, le garde des Sceaux, a dévoilé le chiffre de 94 féminicides en 2023, contre 118 l’année précédente. Une baisse à hauteur de 20 % qui est accueillie avec une grande prudence par les associations féministes.
Elles ont par ailleurs rappelé que ces meurtres, peu importe leur nombre, ne sont que la «partie émergée» des violences intrafamiliales. A contrario, pour le ministre, cette diminution montre que «l’engagement de la justice française pour endiguer les féminicides porte ses premiers fruits».
Les associations féministes contre les chiffres de la Justice
Avant de croire entièrement aux chiffres publiés par le ministère, les associations préfèrent en attendre d’autres, plus consolidés et publiés à l'été au plus tôt.
«À ce jour, nous avons recensé dans la presse 102 féminicides conjugaux en France en 2023. Plusieurs enquêtes pour morts suspectes sont toujours en cours. En attendant les chiffres officiels, M. Dupond-Moretti se permet de supprimer quelques victimes», a tweeté le collectif Féminicides par compagnon ou ex.
A ce jour, nous avons recensés dans la presse 102 #féminicides conjugaux en France en 2023. Plusieurs enquêtes pour mort suspecte sont toujours en cours. En attendant les chiffres officiels, Monsieur @E_DupondM se permet de supprimer quelques victimes. #FakeNews https://t.co/uPlpWtXNKA
— Féminicides Par Compagnons ou Ex (@feminicidesfr) January 2, 2024
L'association a avoué craindre un «coup de com» de la part du gouvernement. D’autre part, l’association a souligné que beaucoup de ces meurtres ne sont recensés que bien plus tard, certains étant parfois «déguisés en accident ou en suicide».
Des chiffres qui diffèrent selon les associations
En réaction aux déclarations du ministre de la Justice, d’autres associations se sont manifestées et ont relevé d’autres problématiques qui ne semblent pas être prises en compte par le gouvernement.
Selon le collectif NousToutes, 134 femmes ont été tuées en 2023 «en raison de leur genre», dont 97 dans le cadre conjugal. Des chiffres qui ne diffèrent pas de ceux des années précédentes, à savoir 146 en 2019, 102 en 2020 ou encore 122 en 2021.
«Si la baisse était le résultat des politiques publiques, elle serait constante», a relevé Mine Günbay, présidente de la Fédération nationale Solidarité Femmes (FNSF). La Fédération gère également le numéro destiné aux victimes de violences conjugales, le 3919, et a indiqué que le nombre d’appels n’a pas baissé, au contraire (93.000 en 2022 contre 98.000 en 2023).
Une mauvaise gestion de la sécurité des femmes victimes de violences ?
Trop de problèmes sont liés au nombre de féminicides en France, selon les associations. «Les droits de visite et d’hébergement sont maintenus pour le mari violent», dans le cadre de la garde des enfants, a expliqué l’experte féministe Françoise Brié.
«Les sanctions judiciaires sont insuffisantes», a estimé quant à elle Julia, membre du collectif Féminicides par compagnons ou ex. En effet, en accord avec ses déclarations, trop d’affaires sont prises à la légère, voire bâclées, avec des peines de prison d’à peine quelques mois, avec sursis ou purgées sous bracelet électronique.
L’affaire du quintuple meurtre à Meaux en cette fin d’année 2023 est un énième et triste exemple de la question de «l’évaluation du danger et des moyens», pour François Brié.