La prime de 10.000 euros instaurée en octobre 2020 en Seine-Saint-Denis pour fidéliser les fonctionnaires dans ce département sous-doté, sera revalorisée à partir du 1er janvier à 12.000 euros et élargie à plus de professions, d'après un arrêté publié au Journal officiel samedi dernier.
Une évolution notable. Établie en 2020 pour les fonctionnaires de Seine-Saint-Denis, la prime de fidélité de 10.000 euros sera revalorisée à 12.000 euros à partir du 1er janvier 2024, et élargie à plus de professions, dont les membres de la direction académique et les psychologues de l'Éducation nationale, les inspecteurs et délégués du permis de conduire affectés dans le département, et les fonctionnaires de la DRIHL, de la DRIEAT, et de la DRIEETS, des unités départementales agissant dans les domaines de l'économie, du logement et de l'environnement.
Jusqu'à présent, la prime concernait les fonctionnaires de police et de préfecture, les greffiers, les salariés de l'Education nationale, l'administration pénitentiaire, les sapeurs pompiers et les administrations des finances publiques. Sont désormais aussi concernés les agents de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII) affectés à la préfecture de Seine-Saint-Denis et de la brigade de surveillance intérieure (BSI) d'Aulnay-sous-Bois et du bureau des douanes d'Aulnay-sous-Bois.
Des modalités qui changent
Les modalités de la prime ont également changé. Auparavant, celle-ci était «versée en une seule fois, au terme des cinq années de services effectifs». Cet article a été abrogé dans l'arrêté et les nouvelles modalités définies dans un décret en date du 4 novembre. Désormais, la prime sera perçue en trois fois : 20% du montant à la prise de poste, 40% après trois années de services et les 40% restants à l'issue des cinq années.
Pour les agents qui ne vont pas au bout des cinq ans, un remboursement est prévu dans certains cas, en fonction des situations. Cette prime de fidélisation pour les fonctionnaires et contractuels exerçant cinq ans dans le département est l'une des mesures phares du plan «un Etat fort en Seine-Saint-Denis». Elle a été instaurée en octobre 2020. «Je veux que demain les fonctionnaires et les agents viennent faire carrière en Seine-Saint-Denis», avait déclaré le Premier ministre, Jean Castex, deux ans après le lancement du plan.
Territoire le plus pauvre et sous-doté
Dans un récent rapport parlementaire sur la Seine-Saint-Denis, quatre ans après un premier rapport accablant, le communiste Stéphane Peu et l'élue Renaissance Christine Decodts suggéraient d'augmenter la prime à 15.000 euros pour les agents qui restent en poste pendant cinq ans et de l'étendre au personnel soignant.
D'après leurs analyses des données existantes, la Seine-Saint-Denis reste le territoire le plus pauvre et sous-doté en matière de santé, justice, sécurité et les inégalités se creusent à l'école, et ce, malgré le plan gouvernemental.
Pour eux, il est nécessaire de rendre l'emploi public attractif, les inégalités s'expliquant en partie par des fonctionnaires moins nombreux et moins expérimentés qu'ailleurs. Quatre ans après le lancement du plan «L’Etat plus fort en Seine-Saint-Denis», le département le plus jeune et dynamique de l'Hexagone cumule toujours des difficultés sociales persistantes, avec 27.6% de la population (1,6 million) vivant sous le seuil de pauvreté. Pour le député Stéphane Peu, «il n'y a pas eu d'évolution notable» depuis.