La loi immigration adoptée mardi 19 décembre, crée (déjà) des remous. Celle-ci prévoit notamment de renforcer le contrôle de l’immigration étudiante grâce, notamment, au versement d’une caution restituée au moment de leur départ de l’Hexagone, sans quoi ils ne pourront pas se voir délivrer de titre de séjour étudiant… et donc étudier en France. Un projet qui leur coûte déjà plus de dix fois plus cher (en théorie) que pour les étudiants européens.
Étudier en France a un coût pour les étudiants extra-européens. Plus précisément, comme le détaille Campus France, les étudiants qui ne sont pas des ressortissants de l’Espace économique européen, qui inclut la Norvège l’Islande et le Liechtenstein, ou de Monaco, d’Andorre, de Suisse ou de la province canadienne du Québec doivent débourser des frais d’inscriptions différenciés compris entre 2.770 et 3.770 euros, selon le type de diplôme universitaire préparé.
Mais, au printemps 2023, seules 13 universités françaises appliquaient complètement ces droits différenciés mis en place en 2019. À titre de comparaison, les ressortissants européens (et donc les étudiants français) doivent s’acquitter de frais d’inscription allant de 175 à 570 euros par an.
L’ajout d’une caution à ces frais d’inscription, par l’entremise de la loi immigration adoptée mardi pourrait constituer un frein supplémentaire au souhait des étudiants extra-européens d’étudier sur le sol français. «En Allemagne, pour pouvoir faire ses études, on doit déposer 11.000 euros sur un compte bloqué», a tenu à rappeler la Première ministre Elisabeth Borne au micro de France inter, mercredi 20 décembre, tentant ainsi de justifier la proposition gouvernementale.
Une caution dONT LE MONTANT POURRA Être débattu à nouveau
«Comment accepter des mesures qui tendront à replier l'université française sur elle-même ?», se sont insurgés les présidents d’une vingtaine d’universités françaises dans un communiqué transmis à l’AFP. Faut-il alors estimer que le montant de la caution inscrite dans la loi immigration se calquera sur le modèle allemand ? Pas vraiment, à en croire Élisabeth Borne qui explique que «le ministre de l’Enseignement supérieur peut dispenser de cette caution des étudiants en fonction de leurs ressources et de leur parcours – scolaire et universitaire».
Dans un second communiqué relayé cette fois-ci par Le Parisien, les dirigeants de trois grandes écoles françaises, l’Essec, HEC Paris et l’ESCP ont également critiqué des mesures «qui menacent gravement notre compétitivité internationale».
La locataire de Matignon n’a pas exclu de débattre à nouveau de cette caution qui, selon elle, pourrait être d’un montant de «10 euros, 20 euros». Une somme qui, si l’on s’en tient à ce que prévoit la nouvelle loi, paraît bien dérisoire pour «couvrir les frais d’éloignement en cas de fraude», au regard du coût de la vie étudiante en France qui coûterait en moyenne 3.596 euros en Île-de-France contre 2.972 euros en région, d’après une étude réalisée par la Fédération des associations générales étudiantes pour la rentrée 2023.