Dans un contexte sécuritaire explosif sur l'archipel de l'océan Indien, le Samu de Mayotte a été contraint de suspendre - jusqu'à nouvel ordre - la circulation des véhicules de secours de l'île. En cause, l'agression d'une équipe dans la nuit de lundi à mardi 19 décembre 2023.
Le Samu de Mayotte tire la sonnette d'alarme. Jusqu'à nouvel ordre, il n'engagera plus de véhicule de secours une fois la nuit tombée, en raison de l'agression d'une de ses équipes dans la nuit de lundi à mardi 19 décembre, alors que la situation sécuritaire est très difficile sur l'archipel.
Selon Nora Oulehri, la directrice du Samu au Centre hospitalier de Mayotte (CHM), une équipe du Smur (structures mobiles d'urgence et de réanimation) en intervention dans le nord de l'île a été attaquée à 3h par trois hommes qui ont réussi à s'introduire dans la cabine de pilotage après avoir installé un barrage improvisé. Si l'agression n'a pas fait de blessé, elle a causé «une indéniable violence psychologique», a-t-elle déclaré à l'Agence France-Presse.
«C'est ma responsabilité d'engager ces humains et il n'est plus tolérable de risquer sa vie dans le cadre de ses fonctions. Plus personne ne sort à la tombée de la nuit, jusqu'à nouvel ordre», a-t-elle ajouté, disant avoir adressé un courrier prévenant la direction du CHM et à l'Agence régionale de santé (ARS). La direction du CHM n'était pas joignable dans l'immédiat et l'ARS n'a pas souhaité s'exprimer officiellement.
Montée en puissance de la violence
Depuis près d'un mois, le 101e département français assiste à une montée en puissance de la violence, marquée par des affrontements entre groupes de jeunes de villages rivaux. Celle-ci a entraîné la mort d'un adolescent de 17 ans par arme à feu le 10 décembre, puis celle d'un jeune poignardé dans la nuit du 15 au 16.
Dans une tribune publiée mardi mais en préparation depuis plusieurs jours, signée par plus de 800 personnes, les soignants de Mayotte ont dénoncé une «situation (qui) se dégrade de jour en jour».
«Notre quotidien est dicté par une délinquance sévissant en toute impunité, dans une situation quasi-insurrectionnelle», écrivent-ils, reprochant l'absence de réponse des services de l'Etat : «Aujourd'hui nous ne tenons plus le coup, nous risquons notre vie, sans espoir ni perspective d'amélioration». Jeudi dernier, une centaine de soignants avaient manifesté à Mayotte pour dénoncer l'insécurité, avant de rencontrer le préfet Thierry Suquet.
Dans une allocution publiée vendredi, celui-ci a reconnu que Mayotte «vit à nouveau des périodes et des heures troubles et violentes», ajoutant avoir demandé aux forces de l'ordre «d'être extrêmement présentes sur le terrain».
En visite à Mayotte le 8 décembre, la Première ministre Elisabeth Borne avait promis plus de moyens pour contrer l'insécurité, des renforts de gendarmerie et de police étant arrivés début décembre.