Si l’anglicisme est omniprésent dans la langue française, cette dernière a tout de même laissé de nombreuses traces dans d’autres pays à travers le temps, y compris en anglais où plusieurs mots, toujours en usage, sont issus de la langue de Molière.
Un «date», un «sandwich», un «week-end»… Plusieurs mots d’origine anglaise ont intégré le français ces dernières décennies. Mais les emprunts ne se font pas que dans un seul sens. Car, de par sa richesse et ses subtilités, la langue de Molière a également marqué sa présence de l’autre côté de la Manche.
Cela s’explique d’abord par la conquête normande avec le comte Guillaume le Conquérant en 1066. Durant son occupation du royaume d’Angleterre, plusieurs mots du vieux français ont intégré la langue de Shakespeare. Et ce n’est pas tout. La succession des différents rois et reines britanniques venus de France a permis le développement du Français en Grande-Bretagne.
Hormis «rendez-vous», «merci» ou encore «forest», plusieurs mots figurant dans la langue anglaise sont d’origine française, à commencer par le mot «Proud».
«Proud»
Cela peut paraître très étrange, mais le mot «proud» (fier en français) trouve son origine en France. Ce terme a fait son apparition dans l’anglais au cours du 12e siècle. Il vient du mot français «prod», qui signifiait autrefois «vaillant», devenu «preux».
Comme l’explique le dictionnaire de l’Académie française, «prod» est lui-même tiré du latin «prodesse», qui veut dire «être utile». Bien que ce mot ait disparu de la langue de Molière, il est toutefois à l’origine du mot «prudhomme». Celui-ci désigne «un homme d’honneur et de probité», comme on peut le lire sur le site de l'Académie.
«Foreign»
Le mot «foreign» est employé en anglais pour désigner une personne «étrangère» ou «foraine» au cours du 12e siècle. Cela renvoie à «ce qui est dehors ou à l’extérieur». Ce terme est en effet issu du vieux français «forein» ou «forain», eux-mêmes issus du latin «foranus», dérivé de «foris» qui veut dire «extérieur».
Comme on peut le lire dans le dictionnaire de la langue française, ce terme est assimilé à «foire». Au début du 15e siècle, il désignait les «marchands venant d’ailleurs».
«Curtain»
Mais comment «curtain», qui veut dire rideau en français, peut-il être issu du français ? La réponse est simple. Il s’agit en effet d’un emprunt de l’ancien français «cortine» ou «courtine» et dont la prononciation a évolué avec le temps.
D’après le Centre national des ressources textuelles et lexicales (CNRTL), une courtine est un «rideau servant à dissimuler et à décorer un lit». «Courtine» est en effet issu du bas latin «cortina», dérivé de «cohors» et «corte» (cour en français).
«Toast»
Que l’on le veuille ou pas, les «toasts» ont des origines françaises, même si actuellement c’est la notion de «tartine grillée» qui a pris le dessus. «Toast» vient de «toster» qui voulait dire autrefois «griller» ou «rôtir».
Le mot français est issu du terme latin «torrere», lui-même dérivé de «tostus», qui signifie «sécher»,«brûler» ou «griller».
D’ailleurs, pour célébrer un événement, ou pour honorer une personne, il arrive qu’on lève son verre pour porter un «toast». Cette pratique nous vient du Moyen Âge. A cette époque, on ne trinquait pas mais on utilisait la «tostée», une sorte de tranche de pain grillé que l’on trempait dans son vin. Il était d’usage d’en partager un morceau et un verre avec un convive. En retour, la personne honorée devait manger le dernier bout de pain et boire l’ultime gorgée de vin.
«Curfew»
En anglais, le mot «curfew» se traduit par «couvre-feu» en français. Ce dernier puise ses origines au Moyen Âge, dans la première moitié du 13e siècle. Il s’agissait en fait d’éteindre le feu dans les cheminées avant d’aller se coucher.
Comme on peut le lire sur le site johnmooremuseum.com, «le mot coverfew vient de la langue normande, bien qu'il y ait eu de nombreuses formes antérieures du mot, le terme moderne dérive du français couvre-feu, qui se traduit en anglais par cover fire».