Alors que le gouvernement enchaîne les mains tendues vers la droite parlementaire pour trouver une majorité au projet de loi immigration, des élus de l’aile gauche de Renaissance militent pour la conservation de l’article 3, devenu la clé de voûte d’un des textes majeurs de la fin d’année.
Au sein de la majorité, ils veulent faire entendre leur désaccord. Tandis que le gouvernement se dit prêt à modifier, voire retirer, l’article 3 de son projet de loi sur l’immigration, visant à régulariser les travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension, notamment pour satisfaire Les Républicains, des élus de Renaissance ont fait savoir leur opposition.
Ce groupe d’une quarantaine de députés, qui représentent l’aile gauche de la Macronie, se fait appeler «L’amicale sociale». Récemment, il a d’ailleurs demandé dans une lettre à être reçu par Elisabeth Borne à Matignon dans le but de réclamer le maintien de l’article 3. Parmi les signataires, on retrouve Stella Dupont, Guillaume Vuilletet, ou encore Benoît Bordat.
Leur souhait s'est renforcé après une information relayée par Le Parisien, confirmée par CNEWS, qui indiquait qu’Elisabeth Borne avait confié à Bruno Retailleau, chef des sénateurs LR, qu’elle n’était pas contre retirer l’article du projet de loi.
Pas d’article, pas de vote ?
Prêts à défendre cet article 3, les députés de «L’amicale sociale» pourraient ne pas soutenir le gouvernement si celui-ci venait à ne pas respecter «les équilibres du texte initial». C’est le cas notamment de Caroline Janvier, députée Renaissance du Loiret.
En effet, lors d’un entretien accordé au Figaro le 18 octobre dernier, l’élue a mis en garde l’exécutif contre un retrait de la mesure. «Si Gérald Darmanin venait à retirer l’article 3 sur la régularisation des sans-papiers exerçant des métiers en tension, l’équilibre de ce projet de loi, qui était déjà très difficile à trouver, serait brisé. Et il est très clair que, comme une partie des députés de notre groupe, je ne voterai pas ce texte», a-t-elle averti.
Caroline Janvier n’est pas la seule à avoir exprimé publiquement son désaccord. Sacha Houlié, député de la Vienne et président de la Commission des Lois, en est l'exemple parlant. Le 12 septembre dernier, il apparaissait en Une du journal Libération, aux côtés d’élus de la Nupes, défendant notamment dans une tribune la régularisation des travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension.
Le projet de loi sur l’immigration est attendu le 6 novembre au Sénat et en décembre à l’Assemblée nationale. Franck Riester, ministre chargé des Relations avec le Parlement, a indiqué que son étude prendrait deux semaines au Palais Bourbon. Il a ajouté que le délai octroyé au texte permettrait «au moins» un vote dans chaque Chambre du Parlement.
Reste désormais à savoir si le gouvernement préférera satisfaire l’aile gauche de sa majorité ou l’aile droite de l’Hémicycle.