L'écrivain franco-libanais Amin Maalouf a été élu secrétaire perpétuel de l'Académie française par les 35 Immortels. Une nomination majeure qui a mis fin à la vacuité du poste, depuis le décès en août dernier d'Hélène Carrère d'Encausse, à qui le chef de l'Etat rend hommage ce mardi.
Le successeur d’Hélène Carrère d’Encausse est connu depuis le 28 septembre dernier. Après une après-midi de délibération, les 35 membres de l’Académie française ont élu Amin Maalouf au poste de secrétaire perpétuel de la prestigieuse institution française, avec 24 voix.
L’Académie française, dans sa séance du jeudi 28 septembre 2023, a procédé à l’élection du nouveau Secrétaire perpétuel.
M. Amin Maalouf a été élu, en remplacement de Mme Hélène Carrère d’Encausse, décédée le 5 août dernier. pic.twitter.com/0UppepSbYm— Institut de France (@InstitutFrance) September 28, 2023
Opposé à Jean-Christophe Rufin (8 voix) pour l’obtention du poste, vacant depuis le 5 août 2023 après le décès d'Hélène Carrère d'Encausse, Amin Maalouf a rejoint le cercle très fermé des secrétaires perpétuels de l’Académie française. Une consécration pour celui qui siège au fauteuil 29 de l’institut de France.
Le premier secrétaire né à l'étranger
Sa nomination au poste emblématique de secrétaire perpétuel est historique pour l’institution dédiée à la langue française. Car pour la première fois depuis sa fondation en 1634, l’Académie française compte un secrétaire né à l’étranger en la personne d’Amin Maalouf.
Né le 25 février 1949 à Beyrouth, au Liban, il y a grandi durant une partie de son enfance avant de fuir la guerre civile libanaise en 1975 en compagnie de sa famille, alors qu’il occupait un poste de journaliste. Amin Maalouf a finalement été naturalisé français quelques années plus tard, en 1981.
Une naturalisation qui fait de lui, et à ce jour, l’un des 23 académiciens d’origine étrangère parmi les plus de 700 académiciens depuis la fondation de l'institution.
Vainqueur du prix Goncourt
Quelques années après son arrivée en France, Amin Maalouf a mis fin à sa carrière de journaliste, se consacrant pleinement à une carrière d’écrivain entamée en 1981 avec la publication d’un premier ouvrage en 1983, «Les Croisades vues par les Arabes».
Après plusieurs ouvrages comme «Léon l’Africain» ou encore «Les jardins de lumière» qui n’ont fait qu’accentuer sa renommée, l’écrivain est récompensé d’un prix Goncourt en 1993 pour «Le Rocher de Tanios», dans lequel son Liban natal constitue la trame du récit. Son dernier ouvrage paru à ce jour est «Nos frères inattendus», publié en 2020.
Tout au long de sa carrière d’écrivain, Amin Maalouf a également été récompensé par d’autres prix de prestige, dont celui du prix Prince des Asturies des lettres en 2010, faisant de lui le premier récipiendaire français de cette récompense espagnole.
Un grand ami de Jean-Christophe Rufin
Élu à l’Académie française en 2011 par ses pairs après la mort de Claude Lévi-Strauss, Amin Maalouf a été reçu en 2012 au sein de l’institution de la langue française par celui qui est son adversaire pour le poste de secrétaire : Jean-Christophe Rufin. Ce dernier, âgé de 71 ans et ancien ambassadeur de France au Sénégal, connaît bien Amin Maalouf.
Voisins de siège à l’Académie française avec les sièges 28 et 29, les deux hommes sont amis depuis des années. Une amitié évoquée par Jean-Christophe Rufin lors de la réception d’Amin Maalouf parmi les Immortels. «Si nos chemins se sont souvent croisés, ceux de nos personnages l’ont fait encore davantage. Nos vies sont restées distinctes mais j’ai parfois l’impression que nos rêves ont fait de nous plus que des amis, des frères», avait-il déclaré.
Cette amitié a, par ailleurs, failli empêcher Jean-Christophe Rufin de déposer sa candidature pour le poste de secrétaire perpétuel, avant un revirement de situation de dernière minute.
Dans sa lettre de candidature, citée par Le Monde, le vainqueur du prix Goncourt de 2001 a évoqué, avec sa participation, la possibilité d’avoir un suffrage avec «deux personnalités différentes, deux parcours singuliers, deux conceptions de l’action à mener».